La prescription en droit du travail joue un rôle essentiel puisqu’elle fixe les délais au-delà desquels un salarié ou un employeur ne peut plus saisir la justice. Si ces délais ne sont pas respectés, les actions intentées deviennent irrecevables, ce qui peut entraîner la perte de droits et d’indemnités. Il est donc primordial de connaître les délais applicables aux différents litiges professionnels.
En droit du travail, les délais de prescription varient en fonction de la nature du litige. Par exemple, pour contester un licenciement, le salarié dispose d’un délai de 12 mois à compter de sa notification. Les actions en paiement de salaire, quant à elles, sont prescrites après 3 ans. De même, les litiges relatifs à la discrimination ou au harcèlement peuvent faire l’objet d’une action pendant 5 ans après la découverte des faits.
Les règles de prescription ne sont pas figées et évoluent sous l’influence de la jurisprudence. Ces décisions judiciaires permettent d’interpréter la loi et d’adapter les délais aux situations particulières. Il est donc indispensable de se tenir informé des évolutions récentes pour éviter de voir ses droits s’éteindre par méconnaissance des délais applicables.
Une mauvaise maîtrise de la prescription peut avoir des conséquences importantes : perte de recours, impossibilité d’obtenir réparation ou reconnaissance d’un préjudice. Il est donc recommandé d’agir dans les délais impartis et, si nécessaire, de consulter un professionnel du droit afin d’éviter toute forclusion.

Table des matières
Les délais de prescription en droit du travail
En droit du travail, les délais de prescription varient selon la nature des réclamations formulées. Voici les principales durées à connaître :
Délais généraux
Type d’action | Délai de prescription | Référence légale |
---|---|---|
Exécution du contrat de travail | 2 ans | Article L. 1471-1, alinéa 2 du Code du travail |
Rupture du contrat de travail | 12 mois | Article L. 1471-1, alinéa 2 du Code du travail |
Paiement ou répétition du salaire | 3 ans | Article L. 3245-1 du Code du travail |
Discrimination et harcèlement | 5 ans | Article 2224 du Code civil |
Réparation d’un accident du travail ou d’une maladie professionnelle | 2 ans | Article L. 431-2 du Code de la sécurité sociale |
Cas particuliers
Certaines circonstances peuvent interrompre ou suspendre la prescription, notamment :
- Reconnaissance de dette par l’employeur : Lorsqu’un employeur admet devoir une somme à son salarié, cela peut stopper temporairement le cours de la prescription.
- Cas de force majeure : Une crise sanitaire prolongée ou toute autre situation exceptionnelle empêchant l’exercice des droits du salarié peut justifier la suspension des délais.
- Incapacité d’agir : Un salarié hospitalisé pour une longue durée ou frappé d’une incapacité rendant toute action en justice impossible bénéficie d’un report du délai de prescription.
Ainsi, pour éviter toute perte de droits, il est essentiel pour les salariés et les employeurs de bien connaître ces délais et les exceptions qui peuvent les modifier.
Prescription et requalification des contrats
Lorsqu’un salarié est employé sous un contrat à durée déterminée (CDD) ou un contrat d’intérim, il a la possibilité de demander la requalification de son contrat en contrat à durée indéterminée (CDI) sous certaines conditions. Une telle action entraîne des conséquences juridiques importantes, notamment en ce qui concerne les délais de prescription applicables.
Les délais de prescription applicables
La loi fixe des délais précis pour agir en justice afin de faire valoir ses droits en matière de requalification de contrat et de paiement des indemnités associées. Voici les principales prescriptions à connaître :
Type de demande | Délai de prescription |
---|---|
Requalification d’un CDD en CDI | 2 ans |
Paiement des salaires suite à une requalification | 3 ans |
Indemnité compensatrice de préavis et congés payés | 3 ans |
Indemnité de licenciement | 1 an |
Ainsi, si un salarié estime que son CDD ou son contrat d’intérim a été abusivement renouvelé et qu’il aurait dû bénéficier d’un CDI, il dispose de deux ans pour engager une action en justice afin de faire reconnaître ses droits. Toutefois, s’il obtient gain de cause et que la requalification est reconnue, il peut ensuite réclamer les salaires dus sur une période de trois ans, tout comme les indemnités compensatrices de congés payés et de préavis. En revanche, s’il souhaite contester son licenciement et réclamer une indemnité de licenciement, il doit le faire dans un délai d’un an.
Une jurisprudence récente
La jurisprudence joue un rôle clé dans l’interprétation et l’application de ces délais. Un arrêt du 12 février 2025 (Cass. soc. n° 23-18876) illustre bien les enjeux liés à la requalification des contrats précaires.
Dans cette affaire, un salarié de Radio France, employé sous CDD successifs de 2009 à 2019, a saisi les prud’hommes en 2020 pour demander la requalification de ses contrats en CDI ainsi que le paiement des indemnités associées.
La Cour de cassation a confirmé que l’action en requalification était bien soumise au délai de deux ans, mais a rappelé que les demandes de paiement des salaires et d’indemnités relevaient des délais de trois ans et un an selon leur nature. Cet arrêt vient clarifier l’application des délais en fonction des différents types de demandes formulées par le salarié.
Points à retenir
- Un salarié peut contester la nature de son contrat et demander sa requalification en CDI dans un délai de deux ans.
- Une fois requalifié, il peut réclamer les salaires dus sur trois ans.
- Certaines indemnités spécifiques doivent être réclamées dans un délai plus court (un an pour l’indemnité de licenciement).
- La jurisprudence continue d’affiner l’interprétation des délais applicables, notamment en cas de succession de contrats précaires.
Ces règles sont essentielles pour tout salarié souhaitant faire valoir ses droits, mais aussi pour les employeurs afin d’anticiper d’éventuels contentieux liés aux contrats de travail à durée déterminée et à leur possible requalification en CDI.

Effets de la prescription
L’expiration du délai de prescription a des conséquences juridiques majeures :
- Irrecevabilité de la demande : une action intentée après expiration du délai est automatiquement rejetée.
- Perte de droits : un salarié ne peut plus prétendre aux indemnités ou aux paiements dus si le délai est dépassé.
- Sécurité juridique : la prescription permet d’éviter que des litiges remontant à plusieurs années ne soient indéfiniment relancés.
Prescription et période de crise
Durant la crise sanitaire de 2020, des mesures exceptionnelles ont suspendu certains délais de prescription. Une ordonnance du 25 mars 2020 a permis aux salariés de bénéficier d’un délai supplémentaire pour agir. Ainsi, la période entre le 12 mars et le 23 juin 2020 n’a pas été prise en compte dans le calcul des prescriptions en cours.
Prescription en Droit du Travail : Un Enjeu Crucial pour Employeurs et Salariés
La prescription en droit du travail est un élément clé dans la sécurisation des relations professionnelles. Elle fixe les délais au-delà desquels une action en justice devient irrecevable, impactant directement les droits et obligations des employeurs comme des salariés.
L’importance de la vigilance face aux délais
Chaque créance en matière sociale est soumise à une prescription spécifique, rendant indispensable une bonne maîtrise des règles applicables. Par exemple, une action en paiement des salaires doit être engagée dans un délai de trois ans, tandis qu’un litige relatif à un licenciement doit être porté devant le conseil de prud’hommes dans les douze mois suivant la rupture du contrat.
Un cadre jurisprudentiel en constante évolution
Les décisions récentes des tribunaux précisent et parfois modifient l’interprétation des délais de prescription. Cette évolution oblige les acteurs du monde du travail à adapter leurs stratégies, sous peine de voir leurs réclamations rejetées pour cause de prescription.
Anticiper pour mieux défendre ses droits
Que l’on soit employeur ou salarié, il est essentiel d’anticiper les actions juridiques afin d’éviter tout risque d’irrecevabilité. La consultation d’un expert en droit du travail peut être un atout précieux pour déterminer les délais applicables et sécuriser ses démarches.
La prescription en droit du travail constitue un levier de protection et de régulation des litiges. Une veille juridique rigoureuse et une bonne connaissance des délais permettent d’assurer une défense efficace et d’éviter de perdre un droit simplement par manque de réactivité.