Lorsqu’un employé est licencié pour des raisons économiques, il peut accéder au contrat de sécurisation professionnelle (CSP), un dispositif conçu pour accélérer son retour à l’emploi grâce à un accompagnement personnalisé. En parallèle, il bénéficie d’un droit de priorité de réembauche pendant un an à compter de la fin de son contrat.
L’employeur a l’obligation d’informer le salarié sur cette priorité de réembauche en respectant des règles précises. Mais que se passe-t-il si cette obligation n’est pas respectée ? Le salarié peut-il obtenir une réparation automatique ? Quelles conséquences pour l’employeur et quels recours pour le salarié en CSP ?
Cet article explore les droits du salarié, les obligations de l’employeur et les répercussions des récentes décisions de la Cour de cassation sur cette question.

Table des matières
Priorité de réembauche et CSP : cadre légal
1. La priorité de réembauche après un licenciement économique
Lorsqu’un salarié est licencié pour motif économique, il bénéficie d’un droit de priorité pour être réembauché par son ancien employeur pendant un an après la fin de son contrat.
Ce droit repose sur l’article L. 1233-45 du Code du travail, qui précise plusieurs éléments clés :
- Il s’applique à tous les salariés licenciés pour motif économique, y compris ceux ayant accepté un contrat de sécurisation professionnelle (CSP).
- L’employeur doit informer le salarié de cette priorité dans la lettre de licenciement.
- Le salarié doit manifester son souhait d’en bénéficier auprès de son ancien employeur.
- Le non-respect de cette obligation peut entraîner des sanctions, mais il ne remet pas en cause la validité du licenciement.
2. Le lien entre le CSP et la priorité de réembauche
Le contrat de sécurisation professionnelle (CSP) vise à accompagner les salariés licenciés pour motif économique afin de faciliter leur retour à l’emploi.
L’adhésion au CSP ne supprime pas le droit à la priorité de réembauche. L’employeur reste tenu d’informer le salarié de cette possibilité, et ce, par écrit :
- Soit dans le document remis lors de la proposition du CSP.
- Soit dans une lettre envoyée après l’acceptation du CSP, si le délai de réflexion dépasse celui de la notification du licenciement.
3. Quelles conséquences en cas de manquement à l’obligation d’information ?
Si l’employeur omet d’informer le salarié de son droit à la priorité de réembauche, ce dernier peut demander une indemnisation. Toutefois, la jurisprudence actuelle impose au salarié de prouver qu’il a subi un préjudice pour pouvoir obtenir réparation.
Jurisprudence récente sur le CSP et la priorité de réembauche

1. Une décision majeure de la Cour de cassation
Une affaire récente a mis en lumière un point clé concernant l’information des salariés sur leur priorité de réembauche. Une employée licenciée pour motif économique, ayant adhéré au contrat de sécurisation professionnelle (CSP), a contesté son licenciement en affirmant ne pas avoir été informée de ce droit avant son adhésion au dispositif.
Les juges de première instance lui ont donné raison et ont estimé que l’absence d’information rendait le licenciement injustifié. Cependant, la Cour de cassation a annulé cette décision en rappelant que :
- L’omission de l’information sur la priorité de réembauche ne remet pas en cause la validité du licenciement.
- Le salarié ne peut obtenir réparation que s’il prouve qu’il a subi un préjudice réel.
2. La nécessité de prouver un préjudice
Depuis 2016, la jurisprudence insiste sur l’importance pour le salarié de démontrer l’impact concret du manquement de l’employeur.
En d’autres termes :
- Si l’absence d’information n’a pas empêché le salarié de retrouver un emploi ou n’a pas eu de répercussions négatives sur sa carrière, aucune indemnisation ne peut être accordée.
- Il ne suffit pas de démontrer que l’information a été omise ; il faut prouver qu’il y a eu une perte d’opportunité professionnelle ou un préjudice financier tangible.
Conséquences pour les employeurs et les salariés sous CSP
1. Obligations des employeurs et risques en cas de manquement
Les employeurs doivent être particulièrement vigilants lorsqu’ils gèrent des licenciements économiques et le CSP afin d’éviter des contentieux.
Obligation | Description | Sanction en cas de non-respect |
---|---|---|
Informer sur la priorité de réembauche | Mention obligatoire dans la lettre de licenciement ou un document annexe | Indemnisation si un préjudice est prouvé |
doit être fournie avant ou au moment de l’adhésion au dispositif. | Proposer les postes disponibles au salarié licencié. | Risque de contestation prud’homale |
Respecter la priorité de réembauche | Proposer les postes disponibles au salarié licencié | Sanctions financières si ce droit est ignoré. |
2. Recours pour les salariés sous CSP
Un salarié souhaitant faire valoir son droit à réembauche doit respecter plusieurs étapes :
- Envoyer une demande écrite (lettre recommandée avec accusé de réception) dans l’année suivant son licenciement.
- Vérifier s’il existe des postes disponibles correspondant à ses compétences au sein de l’entreprise.
- Contester un défaut d’information uniquement s’il peut prouver un préjudice (perte d’un emploi potentiel, conséquences financières, etc.).
Si aucun préjudice réel n’est démontré, les chances de succès d’une action en justice restent limitées.
Études de cas et conseils pratiques
1. Un salarié obtient réparation après un défaut d’information
Un employé licencié pour motif économique dans une entreprise de transport adhère au CSP. L’employeur omet de l’informer de son droit à la réembauche et recrute une autre personne sur un poste correspondant à ses compétences, sans le prévenir.
Le salarié saisit le conseil de prud’hommes et parvient à démontrer que :
- Il aurait pu être réembauché s’il avait été informé.
- Il a subi une perte financière en restant au chômage plus longtemps.
L’entreprise est condamnée à lui verser six mois de salaire en réparation.
2. Bonnes pratiques pour les employeurs
Pour éviter les litiges, il est recommandé aux employeurs de :
- Toujours mentionner la priorité de réembbauche dans les documents de licenciement.
- Mettre en place un registre des postes vacants et informer les anciens salariés concernés.
- Se faire accompagner par un avocat en cas de doute sur la procédure.
Conclusion
Le CSP et la priorité de réembauche sont deux dispositifs visant à sécuriser le parcours professionnel des salariés licenciés pour motif économique.
Un employeur qui omet d’informer un salarié de son droit à la réembauche ne risque pas automatiquement de sanctions. Toutefois, si le salarié peut démontrer un préjudice réel et quantifiable, il peut prétendre à une indemnisation.
La jurisprudence récente protège ainsi les employeurs contre les recours abusifs tout en maintenant un cadre légal strict pour éviter les dérives. De leur côté, les salariés doivent rester attentifs à leurs droits et entreprendre les démarches nécessaires s’ils estiment avoir été lésés.