Le secteur du BTP reste, en 2025, un pilier de l’intérim en France. Essentiel pour répondre aux pics d’activité sur les chantiers, il repose sur la flexibilité des missions temporaires.
Pourtant, lire son bulletin de paie peut vite devenir un casse-tête : indemnités spécifiques (panier, trajet, transport), primes d’intérim, montant net social, prélèvement à la source… tout s’entremêle. Cet article t’aide à y voir clair grâce à un décryptage simple, à jour, et à un exemple concret de fiche de paie en intérim bâtiment.

Table des matières
Cadre légal et mentions obligatoires en 2025
Le bulletin de paie n’est pas un simple document administratif : c’est une obligation légale, strictement encadrée par le Code du travail. En 2025, ces règles s’appliquent à tous les secteurs, y compris à l’intérim dans le BTP, avec des mentions précises qui doivent obligatoirement y figurer. L’objectif : garantir la transparence, la lisibilité et le respect des droits des salariés, même pour les missions temporaires.
Les mentions obligatoires communes à tous les secteurs
Depuis la réforme de simplification du bulletin de paie (débutée en 2018 et mise à jour notamment en 2023), chaque fiche doit inclure au minimum les informations suivantes :
- Identité de l’employeur : nom, adresse, SIRET, convention collective applicable, code APE/NAF
- Identité du salarié : nom, poste occupé, niveau ou coefficient
- Période de paie et nombre d’heures travaillées
- Salaire de base et éléments variables (primes, heures supplémentaires, etc.)
- Cotisations sociales : part salariale et part patronale (santé, retraite, chômage, etc.)
- Montant net imposable et montant net à payer
- Montant net social, en vigueur depuis juillet 2023
- Prélèvement à la source : montant prélevé et taux appliqué
- Date de versement du salaire
Ces éléments doivent être clairs, sans jargon inutile, pour que le salarié puisse comprendre comment est calculée sa rémunération.
Les spécificités liées au contrat d’intérim
Dans le cadre de l’intérim, plusieurs mentions s’ajoutent. Car le salarié n’est pas embauché directement par l’entreprise utilisatrice, mais par une agence d’intérim qui est son employeur officiel.
Ils doivent donc apparaître sur la fiche de paie :
- Le nom et l’adresse de l’agence d’intérim
- Les dates de début et de fin de mission
- Le nombre d’heures réellement effectuées
- L’indemnité de fin de mission (IFM) : 10 % du brut, sauf cas particuliers
- L’indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) : également 10 %
- Les indemnités propres au BTP : panier repas, trajets, transports, intempéries…
Les particularités du secteur BTP
Le secteur du bâtiment a ses propres règles, souvent définies par les conventions collectives régionales du BTP. Ces particularités sont essentielles et doivent apparaître sur le bulletin de paie :
- Indemnité de panier repas : montant journalier forfaitaire, revalorisé chaque année
- Indemnités de trajet et de transport : dépendent de la distance entre le domicile et le chantier
- Référence à la caisse CIBTP : pour le droit aux congés payés et à la prime de vacances
- Mention de l’organisme de retraite complémentaire (comme PRO BTP)
Chaque ligne du bulletin doit refléter ces spécificités de manière lisible, sans ambiguïté.
Sources fiables pour aller plus loin
- Service-Public.fr – Mentions obligatoires sur le bulletin de paie
- BulletinsPaie.com – Spécificités de la paie intérimaire dans le BTP
- Mooncard.com – Primes BTP (panier, transport)
- CIBTP.fr – Congés et caisse du BTP
Spécificités du secteur BTP en intérim
Le BTP n’est pas un secteur comme les autres. Sa nature physique, mobile et parfois saisonnière impose un régime de paie bien particulier. En intérim, ces règles sont renforcées par des primes et des indemnités encadrées par les conventions collectives régionales du BTP et les pratiques du terrain. Ces éléments sont incontournables et doivent apparaître clairement sur le bulletin de paie.

1. La prime de panier repas
Aussi appelée « indemnité de repas », cette prime est versée lorsque le salarié ne peut pas rentrer chez lui pour déjeuner, notamment à cause de l’éloignement du chantier. Elle est exonérée de cotisations sociales dans certaines limites, fixées chaque année.
Pour 2025, les montants exonérés sont les suivants :
- 7,40 € si le repas est pris sur le lieu de travail
- 10,30 € si le repas est pris en déplacement
- 21,10 € si le déplacement inclut une nuitée
Source : Mooncard – Prime panier BTP 2025
2. Les indemnités de trajet
Ces indemnités compensent les déplacements quotidiens entre le domicile et le chantier. Elles sont obligatoires, même si un véhicule est mis à disposition par l’employeur. Le barème dépend des zones définies par la convention collective :
- Zone 1 : 0 à 10 km
- Zone 2 : 10 à 20 km
- Zone 3 : 20 à 30 km
Le montant varie selon :
- La distance parcourue
- Le moyen de transport utilisé
- Le nombre de trajets effectués chaque jour
Source : Obat – Indemnités de trajet BTP
3. Les indemnités de transport
Il ne faut pas les confondre avec les indemnités de trajet. Celles-ci couvrent les frais engagés pour se rendre sur le chantier : carburant, tickets de transport en commun, etc. Elles sont généralement :
- Versées sous forme de forfait
- Ou remboursées sur justificatifs, selon les pratiques de l’entreprise utilisatrice
Elles sont là pour compenser les frais réels de déplacement du salarié intérimaire.
4. L’indemnité d’intempéries
En cas de conditions météorologiques rendant le travail impossible (pluie abondante, gel, tempête…), l’intérimaire peut percevoir une indemnité d’intempéries. Celle-ci est financée par une caisse spécialisée, la Caisse Intempéries BTP. En pratique, c’est l’entreprise utilisatrice qui effectue les démarches de déclaration.
Cette indemnité garantit un maintien partiel du revenu durant les jours d’arrêt non travaillés pour cause de météo défavorable.
5. Le fonctionnement des congés payés dans le BTP
Contrairement à d’autres secteurs, le BTP ne gère pas directement les congés payés. Ils sont confiés à un organisme externe : la CIBTP. Pour les intérimaires, ces congés ne sont pas pris, mais indemnisés, via :
- Une Indemnité Compensatrice de Congés Payés (ICCP)
- Calculée à 10 % du salaire brut + IFM
- Versée directement sur le bulletin de paie
Source : CIBTP – Congés du BTP
Exemple chiffré d’un bulletin de paie intérimaire BTP – juillet 2025
Pour mieux comprendre à quoi ressemble un bulletin de paie en intérim dans le BTP, voici un exemple, basé sur une situation réaliste en juillet 2025.
Contexte de la mission
- Poste : Ouvrier maçon intérimaire
- Période : du 01/07/2025 au 31/07/2025
- Durée du travail : 151,67 heures plein mensuel
- Taux horaire brut : 12,50 €
- Agence d’intérim : Intérim Bâtiment Services
- Lieu du chantier : Zone 2 (trajet entre 15 et 20 km)
Bulletin de paie décrypté
| Libellé | Base | Taux % | Montant (€) |
|---|---|---|---|
| Salaire de base | 151,67 h | 12,50 | 1 895,88 |
| Indemnité de panier repas (20 jours × 10 €) | 20 jours | – | 200,00 |
| Indemnité de trajet (zone 2) | 20 jours | – | 82,00 |
| Indemnité de transport (forfait) | – | – | 45,00 |
| Indemnité de fin de mission (IFM) | 10 % du brut | – | 189,59 |
| Indemnité de congés payés (ICCP) | 10 % brut + IFM | – | 208,54 |
| Total brut | – | – | 2 621,01 |
| Sécurité sociale | 2 621,01 | 7,30 % | – 82,58 |
| Retraite complémentaire | 2 621,01 | 3,15 % | – 62,90 |
| Assurance chômage | 2 621,01 | 2,40 % | – 62,90 |
| CSG non déductible | 2 621,01 | 2,40 % | – 178,23 |
| CSG déductible | 2 621,01 | 6,80 % | – 24,00 |
| Autres charges salariales | – | – | – 599,95 |
| Total retenues salariales | – 101,05 | ||
| Net à payer avant impôt | 2 021,06 | ||
| Prélèvement à la source (5 %) | -101,05 | ||
| Net à payer | 1 920,01 | ||
| Montant net social (affiché) | 2 054,12 |

Ce qu’il faut retenir
- Les indemnités de panier, trajet et transport sont exonérées de cotisations sociales, tant qu’elles respectent les seuils légaux.
- L’IFM (10 %) et l’ICCP (10 %) sont des éléments obligatoires du contrat intérimaire, versés à la fin de chaque mission.
- Le montant net social (introduit depuis 2023) est supérieur au net à payer, car il ne tient pas compte du prélèvement à la source. Il est utilisé pour les démarches CAF, RSA, etc.
- Ce modèle respecte les dernières obligations en vigueur en 2025 : lisibilité, affichage du net social, détail des indemnités BTP, et prélèvement à la source.
Points de vigilance et conseils pratiques pour les intérimaires du BTP
Même si le bulletin de paie est un document strictement encadré par la loi, il n’est pas rare de constater des erreurs, surtout dans un secteur technique et spécifique comme le BTP. En tant qu’intérimaire, mieux vaut rester attentif à certains éléments essentiels. Voici les points à vérifier systématiquement.
1. Indemnités BTP : ne passez pas à côté
Dans le BTP, certaines indemnités sont obligatoires, même sur une mission courte. Vérifiez leur présence sur votre fiche de paie :
- Indemnité de panier repas : due dès lors que vous prenez vos repas hors domicile.
- Indemnité de trajet : elle s’applique même si l’entreprise met un véhicule à disposition.
- Indemnité de transport : différente du trajet, elle compense les frais de carburant ou de transport public.
Bon réflexe : comparez votre bulletin aux barèmes applicables dans votre convention collective régionale du BTP.
2. IFM et ICCP : deux lignes à surveiller
Les deux grandes primes de l’intérim doivent être affichées clairement et séparément :
- Indemnité de fin de mission (IFM) : 10 % du salaire brut
- Indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) : 10 % du brut + IFM
Ces montants sont intégrés dans le brut total et soumis à cotisations sociales. Leur absence est un signal d’alerte.
3. Montant net social : une ligne à comprendre
Depuis 2023, le montant net social est obligatoire sur chaque fiche de paie. Il est utilisé par les organismes sociaux (CAF, MSA, etc.) pour évaluer vos droits aux aides telles que la prime d’activité ou le RSA.
Ce montant est souvent plus élevé que le net à payer, car il n’intègre pas le prélèvement à la source.
4. Vérifiez vos heures et votre taux horaire
Les erreurs courantes concernent :
- L’application d’un taux horaire erroné
- L’oubli d’heures supplémentaires
- L’absence de majoration pour travail le samedi, le dimanche ou les jours fériés
Conservez toujours vos feuilles d’heures, vos contrats de mission et les documents signés par l’entreprise utilisatrice. Ils peuvent servir de preuve en cas de litige.
5. Paiement à date fixe : un droit fondamental
Votre agence d’intérim doit vous rémunérer à date fixe, souvent en fin de mois ou le 12 du mois suivant, selon le contrat. En cas de retard de paiement ou d’erreur répétée :
- Contactez immédiatement l’agence d’intérim
- Si besoin, saisissez l’inspection du travail (Direccte) pour signaler l’anomalie
Comprendre son bulletin de paie en intérim BTP, c’est essentiel pour faire valoir ses droits. Entre primes, indemnités et mentions légales, chaque ligne compte. En 2025, mieux vaut vérifier, comparer et garder trace. Un bulletin clair, c’est un salaire bien mérité.