L’apprentissage s’est fortement développé en France ces dernières années, soutenu par une volonté politique affirmée et des dispositifs favorables à l’intégration des jeunes dans le monde professionnel. Dans ce contexte, la gestion du bulletin de paie d’un apprenti requiert une attention particulière.
Entre règles spécifiques de rémunération, bases forfaitaires et exonérations sociales, la compréhension de ces mécanismes est essentielle pour les employeurs, les services de paie et les cabinets comptables.

Table des matières
Cadre juridique du contrat d’apprentissage
Le contrat d’apprentissage est encadré par le Code du travail, en particulier les articles L6221-1 et suivants. Il s’agit d’un contrat de travail en bonne et due forme, pouvant être conclu en CDD ou en CDI, avec une période dédiée à l’apprentissage.
Quelques points essentiels :
- L’apprenti alterne formation théorique dans un centre de formation (CFA) et travail pratique en entreprise.
- Il bénéficie du statut de salarié, ce qui implique l’émission systématique d’un bulletin de paie, même en cas d’absence non rémunérée.
- Les entreprises, notamment celles de moins de 250 salariés, peuvent bénéficier d’exonérations spécifiques sur les cotisations sociales liées à ce contrat.
Rémunération de l’apprenti en 2025
La rémunération d’un apprenti n’est pas librement fixée par l’employeur : elle obéit à un barème national, défini en pourcentage du SMIC brut (ou du salaire minimum conventionnel si celui-ci est plus avantageux). Ce pourcentage évolue en fonction de l’âge de l’apprenti et de sa progression dans le cycle de formation.
Barème indicatif 2025 (à ajuster si le SMIC évolue) :
| Âge de l’apprenti | 1ʳᵉ année | 2ᵉ année | 3ᵉ année |
|---|---|---|---|
| Moins de 18 ans | 27 % | 39 % | 55 % |
| 18 à 20 ans | 43 % | 51 % | 67 % |
| 21 à 25 ans | 53 % | 61 % | 78 % |
| 26 ans et plus | 100 % du SMIC ou du minimum conventionnel |
À noter : des majorations peuvent s’appliquer en vertu d’un accord collectif ou à l’initiative de l’employeur.
Les cotisations sociales des apprentis en 2024
Bases forfaitaires et cotisations sociales
L’une des particularités du bulletin de paie d’un apprenti réside dans le calcul des cotisations sociales. Pour alléger les charges, l’URSSAF applique des bases forfaitaires mensuelles, calculées selon des tranches de rémunération.
Exemple hypothétique de bases forfaitaires URSSAF 2025 :
| Rémunération brute mensuelle | Base forfaitaire retenue |
|---|---|
| Inférieure à 79 % du SMIC | 385 € |
| Entre 80 % et 100 % du SMIC | 617 € |
| Supérieure à 100 % du SMIC | Rémunération réelle |
Ce dispositif permet de réduire les charges sociales tout en garantissant un socle de droits sociaux pour l’apprenti. Il s’inscrit dans une logique d’incitation à l’embauche en apprentissage, en rendant ce type de contrat économiquement attractif pour les entreprises.
Base forfaitaire et cotisation apprenti 2022
Cotisations patronales liées à l’apprentissage
L’embauche d’un apprenti, bien qu’encadrée par des mesures incitatives, ne dispense pas totalement l’employeur de ses obligations sociales. Si le coût global est réduit grâce à des dispositifs d’exonération, certaines cotisations demeurent dues, en tout ou en partie. Il est donc essentiel d’identifier précisément les contributions applicables afin d’éviter toute erreur de paie.
Cotisations obligatoires pour l’employeur
Même dans le cadre d’un contrat d’apprentissage, plusieurs cotisations patronales restent exigibles. En voici les principales :
- Assurance maladie, maternité, invalidité, décès
- Accidents du travail / maladies professionnelles
- Vieillesse – base et complémentaire
- Retraite complémentaire (Agirc-Arrco)
- Fonds national d’aide au logement (FNAL)
- Formation professionnelle continue
- Contribution solidarité autonomie
Ces cotisations peuvent s’appliquer sur des bases forfaitaires, permettant une réduction significative des montants dus, sans pour autant y échapper totalement.
Exonérations prévues par le Code du travail
Le contrat d’apprentissage ouvre droit à une exonération étendue des cotisations patronales, en vertu de l’article L6243-2 du Code du travail. Cette exonération s’applique automatiquement si certaines conditions sont remplies :
- L’entreprise compte moins de 250 salariés.
- L’apprenti est âgé de moins de 30 ans au moment de la signature du contrat.
- Le contrat respecte l’ensemble des critères de l’apprentissage (durée, alternance, enregistrement, etc.).
Lorsque ces critères sont réunis, l’exonération concerne la majorité des cotisations, ce qui rend ce type de contrat particulièrement avantageux pour les employeurs.
Exceptions à l’exonération
Certaines charges restent cependant dues, même en présence d’un contrat d’apprentissage conforme :
- Mutuelle santé : l’adhésion est obligatoire, sauf si l’apprenti bénéficie d’une dispense (CDD court, couverture par ailleurs, etc.).
- Cotisation accidents du travail : toujours exigible, car directement liée aux risques professionnels.
- Retraite complémentaire Agirc-Arrco : peut être exigée sur la base réelle si la rémunération dépasse le plafond des bases forfaitaires.
Exemple simplifié de bulletin de paie d’un apprenti
Ci-dessous, un modèle illustratif mettant en lumière les éléments spécifiques au bulletin de paie d’un apprenti rémunéré à 43 % du SMIC :
| Libellé | Base | Taux | Montant |
|---|---|---|---|
| Salaire de base (43 % du SMIC) | 800,00 € | — | 800,00 € |
| Cotisation maladie | 385,00 € | 13,00 % | 50,05 € |
| Assurance vieillesse | 385,00 € | 6,90 % | 26,57 € |
| Accident du travail | 385,00 € | 1,00 % | 3,85 € |
| Retraite complémentaire (ARRCO) | 800,00 € | 3,15 % | 25,20 € |
| Total des retenues salariales | 105,67 € | ||
| Net à payer | 694,33 € |
À noter : Ce modèle doit être ajusté selon le contexte réel (taux AT de l’entreprise, exonérations effectives, conventions collectives, etc.).
Points de vigilance : erreurs fréquentes et bonnes pratiques
Erreurs les plus courantes à éviter
- Mauvaise sélection de la base URSSAF : le barème utilisé ne correspond pas à la rémunération réelle.
- Oubli de l’exonération : certains logiciels de paie ne l’appliquent pas automatiquement.
- Retenue de mutuelle injustifiée : absence de vérification du droit à dispense (notamment pour les CDD de moins de trois mois).
- Erreur sur le taux Agirc-Arrco : le dépassement du plafond forfaitaire impose une cotisation au réel, souvent négligée.
Bonnes pratiques à adopter
- S’assurer que le logiciel de paie est à jour et conforme aux dernières évolutions URSSAF / DSN.
- Utiliser les simulateurs en ligne proposés par l’URSSAF pour déterminer les bases forfaitaires et les cotisations dues.
- Conserver une documentation RH complète pour chaque contrat d’apprentissage, en y intégrant les justificatifs éventuels (dispense de mutuelle, barème appliqué, etc.).