Le transport routier joue un rôle clé dans l’économie, en France comme à l’international. Chaque jour, il assure la livraison des biens de consommation, des matières premières et des produits industriels. Autrement dit, il fait tourner le pays.
Mais ce secteur vital rencontre une difficulté majeure : recruter et fidéliser ses salariés. Entre conditions de travail exigeantes et salaires parfois jugés insuffisants, la profession peine à séduire.
Dans ce contexte, comprendre les grilles de salaires est devenu incontournable : pour les employeurs qui veulent rester compétitifs, pour les salariés qui souhaitent une juste reconnaissance, et pour les candidats qui envisagent d’entrer dans le métier.
Ces grilles, issues des conventions collectives, fixent les rémunérations minimales en fonction du poste, de l’ancienneté, des responsabilités et du type d’activité (routiers, sédentaires, encadrement…).
Cet article vous propose une synthèse claire et à jour des salaires dans le transport routier de marchandises, en France et à l’international, ainsi qu’un aperçu des tendances pour les années à venir.
Table des matières
Transport routier de marchandises : Cadre légal et conventionnel
Le salaire dans le transport routier de marchandises repose principalement sur la Convention collective nationale des transports routiers et activités auxiliaires du transport (IDCC 16).
Ce texte fixe les droits et obligations des employeurs et des salariés, notamment sur :
- la classification des emplois
- le temps de travail
- les primes
- les grilles salariales minimales
Les catégories de personnel
La convention distingue plusieurs grandes familles de métiers :
- Ouvriers roulants : conducteurs poids lourds, super-lourds…
- Personnel sédentaire : agents de quai, mécaniciens, manutentionnaires…
- ETAM : employés, techniciens et agents de maîtrise
- Cadres : encadrement administratif ou opérationnel
Chaque catégorie est associée à un coefficient conventionnel, basé sur les responsabilités, les compétences et les fonctions. Ce coefficient détermine le salaire minimum conventionnel applicable, qui doit toujours être au moins égal au SMIC.
Les grilles salariales en vigueur
Les grilles fixent les minima conventionnels, exprimés en taux horaire brut et en salaire mensuel brut (151,67 h/mois). Elles sont révisées régulièrement en fonction du SMIC et de l’inflation.
Exemples de salaires (2024 – personnel roulant)
| Coefficient | Taux horaire brut | Salaire mensuel brut |
|---|---|---|
| 120 M | 12,09 € | 1 833,37 € |
| 150 M | 13,66 € | 2 071,25 € |
| 170 M | 15,38 € | 2 333,13 € |
| 190 M | 17,58 € | 2 667,40 € |
| 225 M (ETAM) | 20,48 € | 3 106,22 € |
Les primes conventionnelles
En plus du salaire de base, plusieurs primes peuvent s’ajouter :
- Panier repas : ~14,34 € par jour
- Découché : ~44,78 € par nuit
- Primes spécifiques : froid, ancienneté, etc.
Pour les sédentaires et cadres, les grilles varient selon leur classification et leur statut (temps plein, forfait jours…).
Facteurs d’évolution du salaire
Plusieurs paramètres influencent directement la rémunération dans le secteur :
- Ancienneté : majorations automatiques après 2, 5, 10 ans et plus
- Spécificité du poste : matières dangereuses, transports exceptionnels…
- Heures supplémentaires : +25 % ou +50 % selon le volume et le moment
- Conditions de travail : travail de nuit, dimanches, jours fériés
- Zone géographique : certains accords locaux prévoient des hausses
- Négociations de branche : décisions syndicales et patronales au niveau national
Enfin, toute hausse du SMIC entraîne une revalorisation des premiers niveaux de la grille, afin de maintenir des écarts cohérents entre les catégories.
Grilles de salaire de la convention Transports routiers 2025
Transport routier de marchandises : les grilles de salaires en vigueur
Comparaison avec d’autres pays ou secteurs
À l’international
Les salaires des conducteurs routiers varient fortement d’un pays à l’autre :
- France : entre 2 000 et 2 600 € brut/mois, selon l’expérience, la région et le type de fret.
- Allemagne : entre 2 300 et 3 000 € brut/mois, avec des conditions sociales plus favorables (repos, couverture santé).
- Espagne : entre 1 500 et 2 000 € brut/mois, avec des charges sociales généralement plus légères.
- Maroc : entre 3 000 et 8 700 MAD brut/mois (soit environ 300 à 800 €).
Salaries on positions in Morocco – Paylab.com
Par rapport à d’autres secteurs
Comparé à d’autres branches comme le BTP, la logistique automatisée ou l’industrie lourde, le transport routier apparaît moins attractif en raison :
- de la pénibilité physique et mentale,
- du temps passé loin du domicile,
- de la pression horaire et des responsabilités liées à la conduite.
Enjeux et perspectives
Enjeux actuels
Le secteur doit faire face à plusieurs défis :
- Pénurie de conducteurs : manque chronique de main-d’œuvre qualifiée.
- Vieillissement du personnel : peu de renouvellement générationnel.
- Tensions salariales : l’inflation alimente les revendications de revalorisation.
- Conditions de travail : repos, sécurité et charges restent au cœur des négociations sociales.
Perspectives
L’avenir du transport routier sera marqué par :
- Automatisation partielle : aides à la conduite, gestion de flotte connectée.
- Digitalisation : suivi GPS, planification optimisée des trajets.
- Transition écologique : véhicules propres et nouvelles compétences à valoriser.
- Revalorisation salariale progressive : levier essentiel pour rendre le métier plus attractif.
Quels sont les éléments qui complètent le salaire de base ?
Les conducteurs bénéficient généralement de primes panier, primes de découché, primes d’ancienneté et d’heures supplémentaires majorées.
Le salaire varie-t-il selon le type de transport ?
Oui. Les conducteurs internationaux ou spécialisés (transport de matières dangereuses, frigorifique…) perçoivent souvent des primes spécifiques
Où consulter les grilles salariales officielles ?
Sur les sites comme Légifrance, ressources.convention.fr ou via les syndicats représentatifs du transport.
Est-il possible de négocier son salaire ?!
Oui, surtout en cas de rareté des profils ou d’expérience spécifique. Mais l’employeur ne peut pas proposer un salaire inférieur au minimum conventionnel.
Le transport routier de marchandises est un secteur fondamental, mais sous pression, où les enjeux de rémunération, d’attractivité et de conditions de travail sont au cœur des débats. Les grilles de salaires en vigueur constituent un socle indispensable pour garantir un minimum de justice sociale, mais elles doivent s’adapter en permanence aux réalités économiques et humaines du terrain.
Face à une demande croissante de mobilité des biens et à la raréfaction des conducteurs qualifiés, la valorisation salariale et l’amélioration des conditions d’exercice apparaissent comme des leviers stratégiques majeurs pour l’avenir de la profession.