Dans certaines entreprises, les primes exceptionnelles sont devenues un vrai outil de reconnaissance. Elles permettent de récompenser un effort particulier, une performance ou simplement de marquer la fin d’année. Mais attention, pour que ce geste ne pose pas de souci administratif ou fiscal, encore faut-il savoir l’indiquer correctement sur la fiche de paie.
Cette étape, souvent négligée, peut pourtant avoir des conséquences en cas de contrôle ou d’incompréhension du salarié. Voici ce qu’il faut retenir pour rester dans les clous tout en valorisant justement vos collaborateurs.

Table des matières
Identifier la nature de la prime exceptionnelle : une étape incontournable
Avant de faire figurer une prime exceptionnelle sur la fiche de paie, encore faut-il savoir de quoi il s’agit. Car toutes les primes ne se valent pas — certaines sont imposables, d’autres exonérées, certaines prévues dans un cadre légal strict, d’autres totalement à la discrétion de l’employeur. Bien identifier leur nature juridique et sociale, c’est éviter les erreurs et assurer un traitement conforme. Voici les trois grandes catégories à connaître pour y voir plus clair.

1. Prime exceptionnelle non contractuelle
C’est la prime “surprise”, versée sans qu’elle soit prévue dans le contrat de travail ni dans une convention. Un geste libre de l’employeur, souvent pour saluer un engagement ponctuel ou une réussite individuelle. Elle peut aussi être versée de manière aléatoire.
- Elle est soumise aux cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu.
- Doit figurer distinctement sur la fiche de paie, sous un intitulé clair comme : Prime exceptionnelle non contractuelle.
2. Prime de Partage de la Valeur (PPV)
Anciennement appelée “prime Macron”, la PPV permet aux entreprises de redistribuer une part de leurs bénéfices sous conditions avantageuses. Elle est encadrée par la loi et suppose une démarche spécifique.
- Exonérée de cotisations sociales si le bénéficiaire gagne moins de 3 fois le SMIC.
- Possibilité d’exonération fiscale, selon certains critères.
- Doit faire l’objet d’un accord collectif ou d’une décision unilatérale de l’employeur.
- À mentionner exactement comme suit : Prime de Partage de la Valeur sur le bulletin de paie.
- Déclaration obligatoire dans la DSN.
3. Autres primes exceptionnelles
Certaines primes ponctuelles ou saisonnières n’entrent pas dans les deux premières catégories, mais elles doivent tout de même être bien identifiées.
- Prime de fin d’année : parfois issue d’un usage établi ou d’un accord collectif.
- Prime liée à un événement : comme celles versées en période de crise sanitaire ou d’inflation. Des exonérations spécifiques peuvent s’appliquer.
- Prime de bilan ou sur objectifs : versée selon la performance annuelle individuelle ou collective.
Chacune de ces primes a son propre traitement, ses règles d'exonération, et son mode d’apparition sur la fiche de paie. D’où l’importance de ne pas se tromper au moment de les verser.
Traitement social et fiscal des primes exceptionnelles
Bien gérer le versement des primes exceptionnelles passe d’abord par une compréhension précise de leur cadre légal. Entre obligations sociales, règles fiscales et mentions à inclure sur la fiche de paie, chaque type de prime suit un régime spécifique. Voici un récapitulatif complet, clair et à jour.
1. Prime exceptionnelle non contractuelle
Cotisations sociales
Cette prime, versée de façon discrétionnaire par l’employeur, est intégralement soumise aux cotisations sociales (URSSAF, retraite, CSG, CRDS…).
Fiscalité
Elle est imposable au même titre que les salaires, sans exonération possible.
Sur la fiche de paie
Elle doit apparaître sur une ligne séparée, avec un intitulé transparent tel que : Prime exceptionnelle non contractuelle.
2. Prime de Partage de la Valeur (PPV) – ex-prime Macron
Exonération sociale
Elle bénéficie d’une exonération de charges sociales jusqu’à 3 000 € par salarié et par an, montant porté à 6 000 € en cas d’accord d’intéressement ou de participation.
Fiscalité
La prime est exonérée d’impôt sur le revenu pour les salariés gagnant moins de trois fois le SMIC. Au-delà, elle devient imposable et soumise à la CSG-CRDS.
Déclaration DSN
Il faut utiliser des codes spécifiques dans la DSN (510, 260, 012) et la déclarer dans le bloc S21. G00.52, avec les types 904 à 906 selon les cas.
Sur la fiche de paie
Le libellé exact doit être utilisé : Prime de partage de la valeur ou PPV.
3. Autres primes exceptionnelles
Cotisations sociales
La plupart de ces primes (prime de fin d’année, prime liée à un événement, prime de performance) sont soumises aux cotisations sociales.
Fiscalité
Elles sont généralement imposables, sauf exception (ex. prime inflation), lorsque l’État applique un régime spécial.
Sur la fiche de paie
Chaque prime doit être clairement identifiée sur une ligne distincte, avec un libellé approprié comme Prime COVID, Prime performance, etc.
Sources :
kelio.com – Ressources sur la gestion RH et la paie
boss.gouv.fr – Bulletin officiel de la Sécurité sociale
service-public.fr – Site officiel de l’administration française
Comment présenter une prime exceptionnelle sur le bulletin de paie
Afficher correctement une prime exceptionnelle sur le bulletin de paie ne relève pas du détail administratif. C’est une obligation légale qui engage à la fois l’entreprise et le salarié. Un intitulé précis et un positionnement clair permettent d’éviter toute confusion, notamment en cas de contrôle ou de contestation. Voici comment procéder simplement et efficacement.

Choisir le bon intitulé selon la nature de la prime
L’intitulé doit être cohérent avec la nature juridique de la prime. Il doit refléter l’origine de la somme versée et éviter toute ambiguïté, que ce soit pour l’URSSAF, l’administration fiscale ou le salarié.
- Pour une prime non prévue par contrat :
Prime exceptionnelle non contractuelle - Pour une Prime de Partage de la Valeur (ex-prime Macron) :
Prime de Partage de la Valeur ou Prime PPV – Loi 2023 - Pour une prime liée à un contexte spécifique (crise, inflation, etc.) :
Prime exceptionnelle COVID, Prime inflation 2022 - Pour une prime liée aux résultats ou objectifs :
Prime de performance exceptionnelle, Prime objectifs
Placement de la prime sur le bulletin de paie
La prime doit apparaître dans une ligne distincte, sous la section Éléments de rémunération brute ou Rémunération exceptionnelle. Elle ne doit pas être noyée dans le salaire de base ni regroupée avec d’autres éléments contractuels.
Voici un exemple de présentation claire :
| Libellé | Montant |
|---|---|
| Salaire de base | 2 500 € |
| Prime exceptionnelle non contractuelle | 500 € |
| Prime de Partage de la Valeur (PPV) | 1 000 € |
Après cette section viennent les cotisations sociales, suivies du net à payer et du net imposable. Cette structure garantit une lecture fluide et une ventilation conforme aux règles sociales et fiscales.
Intégration de la prime exceptionnelle : brut, net, net imposable et déclaration DSN
Comprendre l’effet d’une prime exceptionnelle sur le bulletin de paie ne s’arrête pas à son intitulé. Il faut aussi savoir comment elle impacte les montants clés : le brut, le net à payer, le net imposable, et bien sûr, la DSN. Voici comment s’y retrouver sans se tromper.
Impact sur le salaire : brut, net à payer et net imposable
Prime exceptionnelle non contractuelle
Salaire brut
Le montant de la prime vient s’ajouter directement au salaire brut. C’est une rémunération classique.
Cotisations sociales
La prime est soumise à l’ensemble des charges habituelles (URSSAF, retraite, CSG/CRDS).
Net à payer
Augmente, mais reste amputé des cotisations sociales.
Net imposable
Intégralement inclus dans le revenu soumis à l’impôt.
Exemple :
- Salaire de base : 2 500 €
- Prime exceptionnelle : 500 €
- Brut total : 3 000 €
- Charges salariales (22 %) : 660 €
- Net à payer : 2 340 €
- Net imposable : 3 000 €
Prime de Partage de la Valeur (PPV)
Salaire brut
Si la prime est exonérée, elle ne s’ajoute pas au brut soumis à cotisations.
Cotisations sociales
Aucune retenue si les conditions d’exonération sont respectées.
Net à payer
Ajouté intégralement : le salarié perçoit la totalité de la prime.
Net imposable
- Si exonération fiscale : la prime est exclue du revenu imposable.
- Sinon : elle est incluse.
Exemple :
- PPV exonérée : 1 000 €
- Net à payer : +1 000 €
- Aucun impact sur le brut ni sur le net imposable
Mentions légales et déclaration DSN
Toute prime versée doit impérativement être déclarée dans la Déclaration Sociale Nominative (DSN). Le choix du code dépend du type de prime.
Codes CTP à utiliser :
- PPV exonérée : CTP 510
- PPV soumise à CSG/CRDS : CTP 260
- Prime classique (soumise à cotisations) : CTP 001
Blocs DSN concernés :
- S21.G00.51 : rémunération
- S21.G00.53 : cotisations
Risques en cas de mauvaise déclaration :
- Redressement URSSAF
- Erreurs dans l’imposition du salarié
- Exonérations non reconnues par l’administration
L’intégration d’une prime exceptionnelle sur la fiche de paie nécessite de bien identifier sa nature, de respecter les règles sociales et fiscales applicables, et d’utiliser un libellé précis sur le bulletin.
Son traitement influe directement sur le brut, le net à payer, le net imposable et les déclarations en DSN. Une gestion rigoureuse garantit transparence pour le salarié et conformité pour l’employeur.