Créer une entreprise en France est une aventure enthousiasmante, mais aussi semée d’incertitudes. Avant même la première facture, le porteur de projet doit faire face à des questions essentielles : le projet est-il viable ? Y aura-t-il des clients ? Les revenus seront-ils suffisants ? Les charges seront-elles supportables ?
Pour répondre à ces interrogations sans s’exposer immédiatement à des risques juridiques, financiers ou sociaux, le législateur français a mis en place un dispositif spécifique : le Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise, plus connu sous le nom de contrat CAPE.
Ce guide exhaustif vous offre une explication détaillée du contrat CAPE, de sa portée, de son fonctionnement, de ses bénéfices, de ses limites et des étapes pour en profiter.

Table des matières
Qu’est-ce que le contrat CAPE ?
Le contrat CAPE (Contrat d’Appui au Projet d’Entreprise) est un contrat écrit conclu entre un porteur de projet et une structure d’accompagnement. Il est régi par les articles L.127-1 à L.127-7 du Code de commerce.
Son objectif principal est de permettre à une personne de préparer, tester et développer un projet de création ou de reprise d’entreprise, sans avoir à immatriculer immédiatement une structure juridique.
Contrairement à un contrat de travail, le CAPE n’établit aucun lien de subordination. Le porteur de projet n’est pas salarié de la structure accompagnatrice. Il conserve son autonomie tout en bénéficiant d’un cadre sécurisant.
À qui s’adresse le contrat CAPE ?
Le contrat CAPE s’adresse à une grande diversité de profils. Il est particulièrement adapté aux personnes qui souhaitent entreprendre, mais qui ne veulent pas se lancer sans filet.
Les profils éligibles
Peuvent notamment signer un CAPE :
- les demandeurs d’emploi, indemnisés ou non,
- les bénéficiaires du RSA ou d’autres minima sociaux,
- les salariés à temps partiel,
- les personnes en reconversion professionnelle,
- les futurs créateurs ou repreneurs d’entreprise individuelle ou de société (EURL, SASU, etc.).
Le CAPE est donc un outil d’inclusion économique, souvent utilisé par des personnes éloignées de l’entrepreneuriat classique ou souhaitant sécuriser leur parcours.
Les structures qui proposent un contrat CAPE
Le contrat CAPE ne peut pas être signé seul. Il nécessite l’intervention d’une structure d’appui, parmi lesquelles on trouve :
- les coopératives d’activité et d’emploi (CAE),
- les associations d’aide à la création d’entreprise,
- certains incubateurs ou pépinières,
- des entreprises spécialisées dans l’accompagnement entrepreneurial.
Ces structures jouent un rôle central dans le dispositif, car elles mettent à disposition leurs compétences, leurs outils et parfois leur cadre juridique.

Les objectifs du contrat CAPE
Le CAPE repose sur une logique simple : tester avant de créer.
Ses objectifs sont multiples :
- vérifier la viabilité économique du projet,
- analyser le marché et la concurrence,
- affiner l’offre commerciale,
- apprendre à gérer une activité réelle,
- acquérir des compétences en gestion, comptabilité, fiscalité et communication,
- préparer sereinement l’immatriculation future de l’entreprise.
Il ne s’agit pas seulement de théorie, mais bien d’un test grandeur nature.
Durée et renouvellement du contrat CAPE
Le contrat CAPE est conclu pour une durée initiale de 12 mois.
Il peut être renouvelé deux fois, dans la limite d’une durée totale maximale de 3 ans. Chaque renouvellement doit faire l’objet d’un avenant écrit.
Cette durée permet un accompagnement progressif, adapté au rythme du projet et à sa maturation.
Que peut faire le porteur de projet pendant un CAPE ?
Pendant la durée du contrat CAPE, le porteur de projet peut exercer une activité réelle.
Il peut notamment :
- prospecter des clients,
- négocier des contrats,
- réaliser des prestations ou vendre des produits,
- établir des devis,
- facturer ses clients (via la structure accompagnatrice),
- encaisser des revenus liés à l’activité testée.
Les actes commerciaux sont réalisés au nom du porteur de projet, mais juridiquement sécurisés par la structure d’appui.
La question clé de la facturation
L’un des points essentiels du CAPE concerne la facturation.
En pratique, les factures sont souvent émises par la structure accompagnatrice, qui agit comme support juridique. Les recettes sont ensuite affectées au porteur de projet selon les modalités prévues dans le contrat.
Ce mécanisme permet :
- d’éviter une immatriculation prématurée,
- de sécuriser les relations avec les clients,
- de respecter les obligations légales et fiscales.
Protection sociale pendant le contrat CAPE
La protection sociale est un enjeu majeur pour les porteurs de projet.
Pendant un CAPE, la situation varie selon le profil :
- les demandeurs d’emploi peuvent, sous conditions, conserver leurs allocations chômage,
- les bénéficiaires du RSA peuvent maintenir leur droit, avec des ajustements,
- la couverture maladie est assurée,
- certaines cotisations peuvent être prises en charge selon le cadre du contrat.
Le CAPE offre donc une transition progressive vers l’entrepreneuriat, sans rupture brutale de droits sociaux.
Le CAPE est-il un contrat de travail ?
Non. C’est un point fondamental.
Le contrat CAPE n’est pas un contrat de travail. Il n’y a pas de lien de subordination, pas de fiche de paie, pas de salaire au sens classique.
Le porteur de projet conserve une autonomie totale dans l’organisation de son activité, tout en respectant les engagements définis dans le contrat.
Avantages du contrat CAPE
Le CAPE présente de nombreux avantages, notamment :
- possibilité de tester un projet sans créer immédiatement une entreprise,
- accompagnement personnalisé par des professionnels,
- réduction des risques financiers et juridiques,
- maintien possible de certaines aides sociales,
- apprentissage concret de la gestion d’une activité.
Pour beaucoup, il s’agit d’un tremplin sécurisé vers l’entrepreneuriat.
Limites et inconvénients du CAPE
Malgré ses atouts, le contrat CAPE comporte aussi certaines limites :
- dépendance partielle à la structure d’accompagnement,
- frais de gestion parfois prélevés par la structure,
- absence de statut salarié,
- cadre parfois contraignant pour certains projets très autonomes.
Il est donc essentiel de bien lire le contrat et de comparer les structures avant de s’engager.
Différence entre CAPE, portage salarial et CAE
Le CAPE est souvent confondu avec d’autres dispositifs.
- Le portage salarial concerne surtout les consultants et implique un statut salarié.
- La CAE permet parfois de devenir entrepreneur-salarié après une phase CAPE.
- Le CAPE, lui, est une phase de test sans création d’entreprise.
Chaque solution répond à des besoins différents.
Comment signer un contrat CAPE ?
La démarche se déroule généralement en plusieurs étapes :
- définir clairement son projet,
- contacter une structure proposant le CAPE,
- présenter son dossier et son business model,
- échanger sur les modalités d’accompagnement,
- signer un contrat écrit détaillant les engagements de chacun.
Il est conseillé de comparer plusieurs structures avant de faire un choix.
Que se passe-t-il à la fin du contrat CAPE ?
À l’issue du CAPE, plusieurs scénarios sont possibles :
- création de l’entreprise (micro-entreprise ou société),
- intégration dans une coopérative d’activité et d’emploi,
- poursuite du projet sous une autre forme,
- abandon du projet si les tests sont concluants… dans le sens négatif.
Le CAPE permet justement d’éviter des créations d’entreprise vouées à l’échec.
Le contrat CAPE et l’esprit entrepreneurial
Au-delà de l’aspect juridique, le contrat CAPE incarne une philosophie moderne de l’entrepreneuriat : tester, apprendre, ajuster, sécuriser.
Il répond aux réalités économiques actuelles, où l’agilité et la prudence sont devenues essentielles.
Le contrat CAPE en France est un dispositif encore trop méconnu, mais extrêmement puissant. Il permet de transformer une idée en projet concret, sans précipitation ni mise en danger inutile.
Grâce à l’accompagnement, à la sécurité juridique et à la souplesse qu’il offre, le CAPE constitue une porte d’entrée idéale vers l’entrepreneuriat, en particulier pour celles et ceux qui souhaitent entreprendre de manière progressive et réfléchie.