Dans un environnement professionnel en constante évolution, où l’équilibre entre vie personnelle et exigences du travail devient un critère essentiel, le Compte Épargne-Temps (CET) s’impose comme un levier de flexibilité et d’anticipation.
Il permet aux salariés de stocker du temps ou des éléments de rémunération pour les mobiliser ultérieurement, selon leurs projets personnels ou professionnels.
Ce dispositif offre une réponse concrète aux aspirations de liberté, de prévoyance et d’adaptation, tant pour les employés que pour les employeurs.

Table des matières
Comprendre le Compte Épargne-Temps
Une définition encadrée par le Code du travail
Le CET est un mécanisme juridique, défini aux articles L3151-1 à L3153-3 du Code du travail, qui permet à un salarié de mettre de côté du temps ou de l’argent – issus de jours non pris ou de rémunérations choisies – pour les utiliser plus tard, sous différentes formes : congés, rémunération différée, ou encore épargne retraite.
Un dispositif facultatif mais encadré
Sa mise en œuvre n’est pas automatique : elle repose sur un accord collectif au niveau de l’entreprise ou de la branche professionnelle. Cet accord définit les modalités précises d’alimentation, d’utilisation et de gestion du compte.
Le Cadre Juridique du CET
Trois piliers réglementaires
La création et l’usage du Compte Épargne-Temps reposé sur :
- Le Code du travail, qui établit les fondements juridiques.
- Les accords collectifs, qui fixent les règles spécifiques à chaque entreprise ou secteur.
- La jurisprudence sociale, qui affine l’interprétation en cas de litiges ou de zones grises.
Ce que l’accord collectif doit prévoir
Pour être conforme, l’accord de mise en place du CET doit notamment définir :
- Les conditions d’alimentation du compte.
- Les modalités de pose des congés épargnés.
- Les règles de monétisation des jours où sommes stockés.
- Les conditions de transfert du Compte Épargne-Temps (vers un PER, par exemple) ou sa liquidation (en cas de départ, retraite, etc.).
Alimentation du CET : Quelles Sont les Sources Possibles ?

Jours de congé et temps de repos
Selon les accords en vigueur, un salarié peut alimenter son Compte Épargne-Temps avec :
- Des jours de repos non pris (y compris les RTT).
- Des congés payés excédentaires (au-delà des 24 jours ouvrables).
- Des repos compensateurs.
- Des congés conventionnels non utilisés.
Éléments de rémunération convertibles
Le CET peut aussi accueillir des sommes issues de la rémunération :
- Primes exceptionnelles ou 13ᵉ mois.
- Augmentations salariales converties volontairement.
- Heures supplémentaires, sous certaines conditions.
Modalités Pratiques de Fonctionnement
Chaque accord collectif précise les règles suivantes :
- La fréquence d’alimentation : mensuelle, annuelle ou à l’initiative du salarié.
- Les plafonds : en nombre de jours ou en valeur monétaire.
- Les conditions de report et les modalités d’utilisation des droits épargnés.
Comment Utiliser le Compte Épargne-Temps (CET) ?
Le CET offre une réelle souplesse au salarié dans la gestion de son temps et de sa rémunération. Toutefois, ses modalités d’utilisation sont strictement définies par l’accord collectif applicable dans l’entreprise ou la branche professionnelle. Voici les principaux usages possibles du Compte Épargne-Temps.
Utilisation pour des Congés Rémunérés
Le salarié peut mobiliser les droits acquis sur son CET pour prendre des congés spécifiques tout en continuant à percevoir un revenu. Parmi les cas les plus fréquents :
- Congé sabbatique : pour faire une longue pause, sans rupture de contrat.
- Congé parental : afin de se consacrer à l’éducation de ses enfants.
- Congé pour création ou reprise d’entreprise : une solution pour se lancer sans pression financière immédiate.
- Fin de carrière aménagée : pour anticiper la retraite en douceur, en conservant une rémunération.
Utilisation sous forme de Monétisation
Dans certains cas, le salarié peut choisir de transformer les jours épargnés en salaire. Cette option permet notamment :
- De percevoir une rémunération différée en lieu et place du repos.
- De compléter son revenu, par exemple en cas de temps partiel ou d’activité réduite, temporaire ou durable.
Transfert vers des Produits d’Épargne
Le CET peut aussi servir à alimenter des dispositifs d’épargne salariale, offrant ainsi des avantages fiscaux intéressants :
- Plan d’Épargne Retraite Collectif (PER d’entreprise ou PERCO).
- Plan d’Épargne Entreprise (PEE), selon les conditions prévues dans l’accord.
Gestion Opérationnelle du Compte Épargne-Temps
Pour l’Entreprise
La mise en place et la gestion d’un CET impliquent plusieurs obligations :
- La création doit se faire par accord collectif.
- L’entreprise doit assurer un suivi comptable rigoureux des droits acquis, via des provisions financières.
- Elle doit garantir le principe d’égalité de traitement entre les salariés.
Pour le Salarié
La gestion individuelle du CET demande également quelques démarches :
- Le suivi du solde se fait généralement via l’espace personnel ou indiqué sur le bulletin de paie.
- Toute utilisation (congé ou monétisation) doit faire l’objet d’une demande écrite.
- Dans certains cas (ex. congé longue durée), l’accord de l’employeur reste obligatoire.
Incidences Fiscales et Sociales
Fiscalité
- Les congés pris via le Compte Épargne-Temps sont imposés comme des salaires normaux.
- En cas de monétisation, la somme est également soumise à l’impôt sur le revenu, sauf si elle est transférée vers un PER, où des exonérations peuvent s’appliquer.
Charges Sociales
- De manière générale, les droits mobilisés via le CET sont soumis aux cotisations sociales, à l’exception de certains cas de transfert épargne bénéficiant d’exonérations.
Enjeux Comptables
L’entreprise est tenue de comptabiliser les droits inscrits sur le Compte Épargne-Temps comme des engagements passifs, ce qui peut avoir un impact sur sa gestion financière.
Avantages et Limites du CET
Côté Salarié
- Souplesse dans la gestion de son temps.
- Anticipation de projets personnels ou de la retraite.
- Optimisation financière par un report de rémunération.
Côté Employeur
- Outil efficace de fidélisation des collaborateurs.
- Meilleure planification des absences.
- Limitation des risques liés à l’accumulation des congés non pris.
Quelques Freins à Surmonter
- Gestion administrative complexe pour les RH.
- Risque financier en cas de mauvaise anticipation des provisions.
- Dispositif encore peu développé dans les TPE/PME, souvent par manque d’accords adaptés.
Trois Cas Concrets d’Utilisation du CET
1. Congé Sabbatique Sans Perte de Revenu
Claire, cadre depuis dix ans, a accumulé 45 jours dans son CET. Elle les utilise pour prendre deux mois de congé sabbatique, tout en maintenant sa rémunération.
2. Départ Anticipé à la Retraite
Jean, salarié proche de la retraite, dispose de 120 jours sur son CET. Il s’en sert pour cesser le travail six mois avant l’âge légal, tout en conservant un revenu mensuel.
3. Complément de Revenu en Temps Partiel
Sophie réduit son activité à mi-temps pour élever ses enfants. Elle utilise son CET pour compenser la baisse de salaire et maintenir un niveau de vie stable.
Le Compte Épargne-Temps (CET) s’impose comme un outil stratégique de gestion du temps de travail à la fois souple et avantageux. Il permet aux salariés de mieux planifier leur parcours professionnel, d’anticiper certaines étapes de leur vie personnelle ou professionnelle, tout en offrant à l’employeur un levier de fidélisation et de flexibilité organisationnelle.
Sa réussite dépend cependant d’une mise en œuvre rigoureuse, d’un cadre clair fixé par accord et d’une communication transparente entre l’employeur et les salariés. Bien maîtrisé, le CET devient un véritable levier social au service du bien-être et de la performance collective.