Dans la restauration, l’intérim permet aux établissements de gérer les pics d’activité pendant l’été, les fêtes ou les événements. Ce type de contrat aide à renforcer l’équipe sans embauche permanente. Pour les travailleurs, il offre de l’expérience, un salaire réglementé et des droits spécifiques.
En 2025, les fiches de paie en restauration doivent respecter la convention HCR et intégrer les éléments propres à l’intérim : repas, heures supplémentaires, congés payés, indemnités de fin de mission. L’objectif est de permettre aux intérimaires et aux RH de mieux comprendre et vérifier chaque fiche de paie en restauration.

Table des matières
Particularités du contrat intérim dans la restauration
Comprendre la fiche de paie en restauration
Le secteur de la restauration, avec ses besoins saisonniers et ses imprévus fréquents, fait appel au contrat d’intérim pour renforcer temporairement ses équipes. Ce contrat repose sur une structure en trois parties : le salarié, l’agence d’intérim (ou Entreprise de Travail Temporaire – ETT), et l’entreprise utilisatrice, comme un restaurant ou un hôtel.
Cadre du contrat et durée légale
Le contrat d’intérim est toujours temporaire. Sa durée varie selon le motif de recours, mais ne peut dépasser 18 mois, renouvellement inclus. Deux types de contrats coexistent :
- Contrat de mise à disposition : entre l’ETT et le restaurant.
- Contrat de mission : entre l’ETT et le salarié intérimaire.
Même si le salarié travaille au sein de l’établissement, il reste sous contrat avec l’agence qui le rémunère directement.
Responsabilités partagées
L’agence d’intérim gère l’ensemble des démarches administratives : versement des salaires, affiliation aux régimes de protection sociale, gestion des fiches de paie.
Le restaurant, quant à lui, doit garantir un environnement de travail adapté et sécurisé. Il doit aussi fournir une formation rapide si nécessaire. Les conditions d’emploi, y compris le poste, les horaires, les qualifications attendues et la convention collective applicable (HCR), doivent être précisés par écrit.
Ce que la convention HCR prévoit
Dans les hôtels, cafés et restaurants (IDCC 1979), certaines règles spécifiques encadrent le travail temporaire :
- Avantage en nature repas : évalué forfaitairement et intégré au salaire brut.
- Heures supplémentaires fréquentes : souvent au-delà dès 35 h hebdomadaires. Elles sont majorées, notamment jusqu’à 43 h.
- Travail, week-ends et jours fériés : généralement accompagné de primes.
- Tenue de travail : parfois fournie ou compensée financièrement.
Primes et indemnités spécifiques
Les intérimaires bénéficient de deux indemnités essentielles :
- Indemnité de fin de mission (IFM) : équivalente à 10 % du salaire brut total.
- Indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) : également de 10 %, versée même en l’absence de prise effective des congés.
Tableau récapitulatif des points clés
| Élément | Détail |
|---|---|
| Durée maximale du contrat | Jusqu’à 18 mois (selon le motif) |
| Employeur officiel | Agence d’intérim (ETT) |
| Avantage en nature repas | Évalué et ajouté au brut |
| Heures supplémentaires | Majorées au-delà de 35 h, jusqu’à 43 h |
| Primes week-ends/jours fériés | Oui, selon conditions de travail |
| Tenue de travail | Fournie ou indemnisée |
| Indemnité de fin de mission (IFM) | 10 % du brut |
| Indemnité congés payés (ICCP) | 10 % du brut, versée même sans congés |
Références
- Service-Public.fr – Contrat de travail temporaire
- Ministère du Travail – Travail temporaire
- Convention collective HCR – Legifrance
Structure détaillée d’une fiche de paie en intérim (exemple 2025)
En 2025, les fiches de paie pour les salariés intérimaires doivent suivre un format rigoureux, imposé par les règles en vigueur. Ce document administratif joue un rôle central pour la compréhension des droits salariaux, surtout grâce à l’apparition de la ligne « Net social », qui permet d’identifier le montant pris en compte pour certaines aides sociales comme la prime d’activité.

Informations générales
La première section rassemble les données d’identification :
- Employeur : Nom et adresse de l’agence d’intérim (ETT)
- Entreprise utilisatrice : Nom du restaurant ou établissement
- Salarié : Nom complet de l’intérimaire
- Poste occupé : Exemple : commis de cuisine, serveur(se)
- Convention collective : HCR (IDCC 1979)
- Période concernée : Début et fin du mois ou de la mission
Détail de la rémunération brute
Cette section regroupe les montants avant déductions. On y retrouve :
| Libellé | Base | Taux (€) | Montant (€) |
|---|---|---|---|
| Salaire de base (169 h) | 169 h | 11,88 | 2 005,72 |
| Heures supplémentaires (35–39 h) | 4 h | 110 % | 52,27 |
| Avantage en nature repas | 40 repas | Forfait | 120,00 |
| Total brut | 2 177,99 |
Indemnités propres à l’intérim
Deux primes principales viennent s’ajouter à la rémunération brute :
| Libellé | Montant (€) |
|---|---|
| Indemnité de fin de mission (10 %) | 217,80 |
| Indemnité de congés payés (10 %) | 217,80 |
| Total brut avec indemnités | 2 613,59 |
Cotisations sociales
Les cotisations sont calculées sur le brut hors indemnités, soit 2 177,99 €. Ces prélèvements comprennent :
- Assurance maladie, maternité
- Retraite (de base et complémentaire)
- Assurance chômage
- CSG/CRDS (part déductible et non déductible)
- Autres contributions éventuelles prévues par la convention
Total estimé des cotisations : environ 500 € (soit 23 % du brut).
Net à payer avant impôt
Le net imposable correspond au brut après déduction des cotisations sociales. Une fois le prélèvement à la source (PAS) appliqué, on obtient le net à payer :
- Net imposable ≈ 2 113,59 €
- PAS (exemple à 5 %) : – 105,68 €
- Net versé : ≈ 2 007,91 €
Mentions obligatoires depuis 2023
Les bulletins doivent faire apparaître :
- Net social : référence pour les aides sociales
- Date de paiement
- Cumul des rémunérations
- Total d’heures travaillées
- Numéro SIRET et code APE de l’agence
- Motif du recours à l’intérim
- Identité de l’entreprise utilisatrice
Récapitulatif des données essentielles
| Élément | Montant (€) |
|---|---|
| Brut total | 2 177,99 |
| IFM + ICCP | 435,60 |
| Cotisations | – 500,00 env. |
| Net avant impôt | ≈ 2 113,59 |
| Prélèvement à la source (5 %) | – 105,68 |
| Net versé | ≈ 2 007,91 |
Zoom sur les indemnités spécifiques à l’intérim
Dans le cadre de l’intérim, deux indemnités jouent un rôle essentiel dans la rémunération du salarié : l’indemnité de fin de mission (IFM) et l’indemnité compensatrice de congés payés (ICCP). Ces primes sont prévues par le Code du travail pour compenser la nature temporaire du contrat et l’absence de congés pris pendant la mission.
L’Indemnité de fin de mission (IFM)
Définition
L’IFM est versée à l’intérimaire une fois la mission terminée, sauf dans certains cas comme une embauche en CDI, une rupture à l’initiative du salarié, une faute grave ou un cas de force majeure.
Calcul de l’IFM
Elle correspond à 10 % de la rémunération brute totale (hors ICCP). Cela inclut le salaire brut, les primes éventuelles et les avantages en nature.
Formule :
IFM = 10 % × (salaire brut + primes + avantages)
Exemple :
Salaire brut = 2 177,99 €
→ IFM = 10 % × 2 177,99 € = 217,80 €
Particularités
- Toujours visible séparément sur la fiche de paie
- Soumise aux cotisations sociales et à l’impôt sur le revenu
- Versée à chaque fin de mission effectuée
L’Indemnité compensatrice de congés payés (ICCP)
Définition
Comme le salarié n’a pas de jours de congé à poser pendant la mission, l’agence d’intérim verse une indemnité à la fin du contrat pour compenser.
Calcul de l’ICCP
Elle représente 10 % du montant cumulé du salaire brut et de l’IFM.
Formule :
ICCP = 10 % × (salaire brut + IFM)
Exemple :
10 % × (2 177,99 € + 217,80 €) = 239,58 €
Particularités
- Intégrée au total brut global
- Soumise aux cotisations sociales
- Mentionnée distinctement sur la fiche de paie
Traitement fiscal et social des indemnités
| Indemnité | Soumise aux cotisations sociales | Soumise à l’impôt sur le revenu |
|---|---|---|
| IFM | Oui | Oui |
| ICCP | Oui | Oui |
Ces deux indemnités font partie intégrante du net imposable et du net social. Elles influencent donc directement le prélèvement à la source et peuvent impacter le calcul des prestations sociales (CAF, etc.).
Le rôle des avantages en nature dans le secteur HCR
Dans les hôtels, cafés et restaurants, les salariés — y compris les intérimaires — bénéficient souvent d’avantages en nature. Le plus courant : les repas fournis pendant le service. Ces repas représentent une forme de rémunération, à déclarer obligatoirement sur le bulletin de paie.
Définition de l’avantage en nature repas
Un avantage en nature est un bien ou un service fourni gratuitement, ou à tarif réduit, par l’employeur à son salarié, pour un usage personnel. Dans le secteur HCR, cela concerne presque toujours les repas servis durant les heures de travail.
Évaluation forfaitaire du repas
La convention collective HCR impose une valeur forfaitaire pour chaque repas fourni, indépendamment du coût réel pour l’établissement.
- Montant forfaitaire estimé pour 2025 : 4,15 € par repas
- Ce montant est ajouté au salaire brut, puis soumis aux cotisations et à l’impôt sur le revenu.
Exemple :
Un salarié consomme 2 repas par jour sur 20 jours travaillés :
→ 2 × 20 = 40 repas
→ 40 × 4,15 € = 166,00 € à ajouter au salaire brut
Obligations de l’employeur
L’employeur est tenu de :
- Faire apparaître l’avantage en nature dans la fiche de paie
- Intégrer ce montant aux cotisations sociales (maladie, retraite, chômage…)
- L’inclure dans le net imposable et le net social
- En cas d’oubli ou d’omission, l’entreprise s’expose à un redressement de l’Urssaf
Cas spécifique de l’intérim
Même si le restaurant n’emploie pas directement l’intérimaire, l’agence d’intérim reste responsable du bulletin de paie. Elle doit donc intégrer les repas fournis par l’établissement dans la rémunération du salarié, selon les règles en vigueur.
Tableau récapitulatif
| Élément | Détail |
|---|---|
| Type d’avantage | Repas pris pendant le service |
| Montant forfaitaire 2025 (par repas) | 4,15 € |
| Nombre de repas/mois (exemple) | 40 |
| Total à ajouter au brut (exemple) | 166,00 € |
| Doit figurer sur la fiche de paie | Oui |
| Soumis à cotisations sociales | Oui |
| Intégré au net imposable et net social | Oui |
| Obligation même pour l’intérim | Oui |
Références
- Légifrance – Convention collective nationale HCR
- Urssaf – Avantages en nature repas
- PayFit – Fiche de paie restauration
- L’Hôtellerie-Restauration.fr – Bulletin modèle HCR
Points de vigilance pour les intérimaires
Comprendre une fiche de paie peut sembler difficile, surtout en intérim, et encore plus dans un secteur exigeant comme la restauration. Pourtant, ce document reste essentiel pour faire valoir ses droits. Voici les vérifications clés à faire dès réception.
Vérifications essentielles
Chaque fiche doit comporter des informations claires et précises. À contrôler systématiquement :
- Identité et période de travail : votre nom, les dates exactes de la mission, le nom de l’établissement où vous avez travaillé
- Heures travaillées : toutes les heures doivent être listées (base, majorées, de nuit, etc.)
- Taux horaire brut : doit au minimum respecter le SMIC intérim, ou le taux de la convention collective HCR si plus avantageux
- Avantage en nature repas : s’il y a eu repas fournis, ils doivent figurer sur la fiche
- Indemnités IFM et ICCP : doivent être présentes dès que la mission est terminée
- Cotisations et net imposable : les montants doivent être cohérents avec le brut déclaré
Erreurs fréquentes à repérer
Certaines erreurs se répètent souvent, parfois sans que l’intérimaire ne s’en rende compte :
| Problème courant | Conséquence |
|---|---|
| Repas consommés non déclarés | Salaire brut sous-évalué |
| IFM ou ICCP manquantes | Rémunération incomplète |
| Taux horaire en dessous du minimum légal | Infraction au droit du travail |
| Heures non comptabilisées | Perte de rémunération |
| Cotisations mal calculées ou taux erroné | Impacts sur le net et l’imposition |
En cas d’erreur : que faire ?
Si vous détectez une anomalie sur votre fiche :
- Contactez votre agence d’intérim sans attendre : elle est légalement responsable de l’émission du bulletin.
- Conservez toutes vos fiches de paie : même s’il n’existe pas de durée légale stricte, il est conseillé de les garder 50 ans.
- En cas de conflit, adressez-vous à :
- Un délégué syndical
- Un conseiller prud’homal
- L’inspection du travail
- Le défenseur syndical
La fiche de paie d’un intérimaire n’est pas un simple papier : elle reflète le travail effectué, les droits perçus et les obligations de l’agence. En 2025, avec les nouvelles mentions comme le net social, elle devient aussi un outil pour accéder à des aides sociales. Il est donc essentiel de maîtriser sa lecture, pour repérer les oublis, demander des régularisations, et défendre ses droits.
Références
- Interimairesinfo.org – Fiche de paie intérim
- Service-public.fr – Fiche de paie
- Adecco.fr – Lire sa fiche de paie en intérim