Dans le BTP, l’intérim reste une solution souple pour faire face aux besoins de main-d’œuvre ponctuels. Mais la fiche de paie d’un intérimaire ne ressemble pas à celle d’un salarié classique. Elle contient des éléments en plus, comme l’indemnité de fin de mission (IFM) et l’indemnité compensatrice de congés payés (ICCP). Ces montants s’ajoutent au salaire de base, qui repose souvent sur le SMIC horaire du BTP, avec des heures supplémentaires en bonus si besoin.
Il faut aussi compter les indemnités prévues par la convention collective du secteur : pour les trajets, les conditions de travail difficiles ou les équipements nécessaires sur le chantier. En 2025, avec les nouvelles règles sur le SMIC et les charges sociales, intérimaires et employeurs ont tout intérêt à bien lire et comprendre chaque ligne du bulletin de paie. Un mauvais calcul peut vite coûter cher.

Table des matières
Le cadre légal de la paie intérimaire dans le BTP en 2025
Le SMIC 2025 : un minimum revalorisé
Depuis le 1ᵉʳ janvier 2025, le salaire minimum interprofessionnel de croissance (SMIC) est fixé à 11,88 € brut de l’heure. Cela équivaut à 1 801,80 € brut par mois pour un contrat à temps plein sur une base de 35 heures hebdomadaires. Ce seuil reste la rémunération plancher applicable à tous les salariés, y compris ceux en intérim. Toutefois, dans le secteur du BTP, certains accords de branche ou d’entreprise peuvent fixer des minimas plus élevés selon le poste occupé (ouvrier, compagnon, chef d’équipe…).
Les indemnités liées à l’intérim
Un contrat d’intérim implique deux indemnités obligatoires qui viennent s’ajouter au salaire de base :
- L’indemnité de fin de mission (IFM) correspond à 10 % de la rémunération brute totale perçue sur la mission. Elle est versée en fin de contrat, sauf si l’intérimaire est embauché directement ou en CDI intérimaire.
- L’indemnité compensatrice de congés payés (ICCP) représente, elle aussi, 10 % du total brut perçu (salaire + IFM). Elle vise à compenser l’absence de congés pendant la durée de la mission.
Cotisations sociales en vigueur
Les intérimaires sont soumis aux mêmes règles de cotisation que tout salarié. Les charges salariales tournent autour de 22 à 23 % du salaire brut. Côté employeur, les cotisations patronales peuvent atteindre 40 à 45 %. Ces montants couvrent entre autres :
- L’assurance maladie, la retraite de base, l’assurance chômage, ainsi que les prélèvements sociaux (CSG/CRDS)
- Les contributions spécifiques au secteur du BTP, telles que celles dues à l’OPPBTP, à la Caisse des congés payés, ou à l’AGS.
Mentions obligatoires sur la fiche de paie intérimaire
La fiche de paie d’un salarié intérimaire dans le BTP doit comporter un certain nombre de mentions légales et contractuelles :
- Le nom et l’adresse de l’agence de travail temporaire
- Les dates de début et de fin de mission, ainsi que le nombre d’heures effectuées
- Le détail de la rémunération : salaire brut, IFM, ICCP, heures supplémentaires éventuelles
- Le montant total des cotisations sociales, le net imposable et le net à payer
- Le taux de prélèvement à la source applicable
- Une mention du contrat de mission et la convention collective du BTP en référence
Structure d’une fiche de paie intérimaire dans le BTP

Une lecture par rubriques
La fiche de paie d’un intérimaire du BTP peut paraître dense au premier regard, mais elle suit une logique bien définie. Chaque ligne correspond à un élément de la rémunération. Il est donc essentiel de connaître les grandes rubriques pour en saisir le sens.
1. Salaire de base
Cette partie présente le nombre d’heures de travail normales effectuées, multiplié par le taux horaire brut. Le total obtenu donne le montant du salaire brut de base.
Exemple : 160 heures × 11,88 € = 1 900,80 € brut
2. Heures supplémentaires
Les heures dépassant les 35 heures hebdomadaires sont majorées :
- +25 % pour les 8 premières heures supplémentaires (jusqu’à 43 heures par semaine)
- +50 % pour celles au-delà
Ces heures sont listées séparément avec le détail du taux de majoration appliqué.
3. Indemnité de fin de mission (IFM)
Versée automatiquement à la fin de chaque mission, sauf exceptions (comme un CDI intérimaire), l’IFM correspond à 10 % du salaire brut total. Elle compense la précarité du contrat temporaire.
4. Indemnité compensatrice de congés payés (ICCP)
L’ICCP s’élève, elle aussi, à 10 %, mais elle s’applique sur l’ensemble brut incluant l’IFM. Elle compense l’absence de congés pendant la mission.
5. Cotisations sociales
Détail incontournable de la fiche, cette partie précise les montants retenus pour :
- L’assurance maladie
- La retraite (de base et complémentaire)
- L’assurance chômage
- La CSG/CRDS
Chaque ligne affiche le taux et le montant correspondant.
6. Net imposable et prélèvement à la source
Le net imposable est le montant pris en compte pour le calcul de l’impôt sur le revenu. Le cas échéant, un prélèvement à la source est appliqué. Ce dernier est clairement indiqué, ainsi que le net à payer après toutes déductions.
7. Mentions complémentaires
Certaines informations peuvent également apparaître en bas de bulletin :
- Primes diverses : panier repas, déplacements, outils…
- Coordonnées de l’agence d’intérim et mention du contrat
- Référence à la convention collective BTP
- Date de versement du salaire
- Coordonnées de la caisse de congés payés du BTP
Focus sur les particularités du BTP sur la fiche de paie
Un secteur avec ses propres règles
Dans le bâtiment et les travaux publics, certaines règles spécifiques viennent s’ajouter aux éléments classiques du bulletin de paie. Ces particularités tiennent compte des conditions souvent exigeantes sur les chantiers, des déplacements réguliers, et d’un mode de gestion des congés différent des autres secteurs.
L’OPPBTP : une cotisation pour la sécurité
L’Organisme Professionnel de Prévention du Bâtiment et des Travaux Publics (OPPBTP) joue un rôle clé dans la prévention des risques. Pour financer ses actions (formations, campagnes, accompagnements), les entreprises du secteur versent une cotisation patronale équivalente à environ 0,11 % de leur masse salariale.
Même si cette cotisation ne s’affiche pas toujours sur la fiche de paie de l’intérimaire, elle est bien incluse dans les charges sociales de l’entreprise utilisatrice. Elle ne change rien au salaire brut, mais reflète l’engagement du secteur pour la sécurité au travail.
La gestion des congés par la caisse BTP
Dans le BTP, les droits à congés payés sont centralisés par une caisse dédiée, généralement la CIBTP. Cela permet aux salariés, même intérimaires, de conserver leurs droits d’un employeur à un autre.
Sur le bulletin de paie, les congés payés sont réglés via l’ICCP (indemnité compensatrice de congés payés). Mais de leur côté, les employeurs versent aussi une contribution spécifique à la caisse, distincte des cotisations habituelles. L’intérimaire ne la voit pas directement, mais elle est essentielle pour garantir la portabilité des droits.
Les indemnités liées aux déplacements et repas
Le travail sur chantier implique des frais que la convention collective du BTP compense via plusieurs indemnités spécifiques :
- Indemnité de trajet : liée à la distance entre le domicile du salarié et le lieu de travail. Elle varie en fonction de cette distance.
- Indemnité de transport : elle couvre une partie ou la totalité des frais de déplacement, souvent sous forme de forfait.
- Indemnité de panier : aussi appelée prime de repas, elle est versée quand le salarié ne peut pas rentrer chez lui à midi. Son montant est généralement forfaitaire, entre 10 € et 12 € par jour en 2025, selon les zones.
Ces indemnités figurent dans une section spécifique du bulletin de paie. La plupart sont exonérées de cotisations sociales et fiscales, ce qui les rend intéressantes pour les salariés. Elles peuvent représenter une part importante du revenu net final.
Exemple commenté d’une fiche de paie intérimaire BTP – avril 2025
Un cas concret pour mieux comprendre
Pour illustrer la lecture d’une fiche de paie dans le BTP en intérim, prenons une mission de 160 heures effectuée au SMIC en vigueur en 2025. L’exemple inclut des heures supplémentaires, les indemnités obligatoires, ainsi que les principales cotisations.
Tableau récapitulatif
| Rubrique | Base | Taux | Montant (€) |
|---|---|---|---|
| Salaire de base | 160 h | 11,88 €/h | 1 900,80 |
| Heures supplémentaires (25 %) | 10 h | 14,85 €/h | 148,50 |
| Total brut | — | — | 2 049,30 |
| Indemnité de fin de mission (IFM 10 %) | — | 10 % | 204,93 |
| Indemnité de congés payés (ICCP 10 %) | — | 10 % | 225,42 |
| Brut total (salaire + indemnités) | — | — | 2 479,65 |
| Cotisations salariales (~23 %) | — | — | −570,32 |
| Net imposable | — | — | 1 909,33 |
| Prélèvement à la source (5 %) | — | — | −95,47 |
| Net à payer | — | — | 1 813,86 |
Comment lire ce bulletin
- Salaire de base : calculé en multipliant les heures normales par le SMIC horaire.
- Heures supplémentaires : ici, 10 heures majorées à 25 %, donc un taux plus élevé.
- Indemnités IFM et ICCP : ensemble, elles représentent 20 % supplémentaires sur le brut.
- Cotisations sociales : couvrent la santé, la retraite, le chômage et les contributions sociales obligatoires.
- Prélèvement à la source : calculé selon le taux d’imposition du salarié.
- Net à payer : somme réellement versée, après toutes les déductions. Cela n’inclut pas les éventuelles indemnités exonérées.
Détail complémentaire
Les indemnités de trajet, de transport ou de panier ne figurent pas toujours dans cette section du bulletin. Elles peuvent apparaître ailleurs sur la fiche ou être versées séparément. Souvent exonérées de charges sociales et fiscales, elles viennent s’ajouter au net à payer sans alourdir les cotisations.
Bonnes pratiques et erreurs à éviter sur la fiche de paie intérimaire BTP
Un document à vérifier de près
La fiche de paie d’un intérimaire dans le BTP n’est pas qu’un simple relevé de salaire. Elle reflète l’application du droit du travail et les engagements de l’entreprise. Que l’on soit intérimaire ou employeur, il est essentiel de faire certaines vérifications pour éviter erreurs, retards ou litiges.
Côté intérimaire : les bons réflexes à adopter
- Comparer les heures déclarées : vérifiez que les heures indiquées sur le bulletin correspondent bien à celles réellement travaillées (pointages, feuilles de présence…).
- Contrôler le taux horaire appliqué : il doit être au minimum égal au SMIC 2025 (11,88 € brut/heure) ou conforme à la grille de salaire prévue pour votre poste (ouvrier, compagnon, chef d’équipe…).
- S’assurer de la présence des indemnités obligatoires :
- L’IFM (10 %) en fin de mission.
- L’ICCP (10 %) sur le total brut + IFM, parfois négligée ou mal calculée.
- Vérifier la cohérence entre le brut et le net : un écart trop important peut cacher une erreur de cotisation ou de taux de prélèvement.
- Consulter la section indemnités : repas, trajets, transports… si elles ont été convenues, elles doivent apparaître sur le bulletin.
Côté employeur ou agence d’intérim : les points à surveiller
- Respect des mentions légales : taux horaire, IFM, ICCP, dates de mission, etc. doivent figurer clairement sur la fiche.
- Exactitude des calculs : un taux incorrect ou une base mal saisie peuvent mener à des régularisations coûteuses.
- Mise à jour des barèmes : les conventions collectives BTP changent régulièrement. Il faut toujours utiliser les dernières grilles en vigueur.
- Remise du bulletin dans les délais : qu’il soit en format papier ou numérique, le bulletin doit être transmis dans les temps.
Les erreurs fréquentes à éviter
- Absence ou oubli de l’IFM ou de l’ICCP
- Erreurs dans le calcul des heures supplémentaires
- Indemnités de repas, transport ou trajet non indiquées
- Taux de prélèvement à la source erroné
- Cotisations BTP non mises à jour (par exemple, celles versées à la caisse des congés)
Que faire en cas de problème ?
- Contacter l’agence d’intérim pour une correction ou un bulletin rectificatif.
- Se rapprocher de l’Inspection du travail ou d’un syndicat pour un accompagnement.
- Saisir le conseil de prud’hommes si aucun accord amiable n’est possible.
Une fiche bien vérifiée, c’est autant de soucis en moins — pour l’intérimaire comme pour l’employeur.
Comprendre sa fiche de paie est essentiel pour tout intérimaire du BTP. En 2025, entre SMIC revalorisé, IFM, ICCP et cotisations spécifiques, chaque ligne du bulletin compte. Un bulletin clair garantit le respect des droits du salarié et évite les erreurs. Intérimaires comme employeurs doivent le vérifier attentivement. En cas de doute, mieux vaut demander des explications que de laisser passer une anomalie. La transparence est la clé d’une relation de travail saine.