Le bulletin de paie est bien plus qu’un simple document récapitulatif du salaire perçu chaque mois. Il reflète également la vie du salarié dans l’entreprise : ses congés pris, ses absences éventuelles, ou encore ses arrêts maladie.
Ces informations, encadrées par le Code du travail, doivent être présentées de manière claire et lisible afin d’assurer une parfaite transparence entre l’employeur et le salarié. Mais comment ces éléments sont-ils traduits concrètement sur la fiche de paie ? Quels impacts ont-ils sur la rémunération brute, les cotisations et le salaire net ?
Cet article vous guide à travers les règles et bonnes pratiques à connaître pour mieux comprendre votre bulletin de salaire.
Table des matières
Les types d’absences et leur traitement sur le bulletin de paie
Comprendre comment chaque absence apparaît sur le bulletin évite bien des surprises en fin de mois. Voici l’essentiel — clair, concret, prêt à être appliqué.
Absence justifiée
Les absences justifiées (maladie, congés, autorisations spéciales, etc.) figurent sur le bulletin avec :
- le type d’absence ;
- le nombre de jours ou d’heures ;
- leur incidence sur la rémunération.
Lorsque l’absence est couverte par un maintien de salaire (ou une subrogation en cas d’indemnités journalières), l’information se retrouve dans les rubriques de rémunération ou bien de déductions. En pratique, la retenue brute est affichée puis compensée par une ligne de maintien.
Exemples – affichage sur le bulletin :
- Absence maladie non rémunérée : -3 jours (-300 €)
- Maintien de salaire – maladie : +3 jours (+300 €)
Bon à savoir : la subrogation signifie que l’employeur perçoit les IJSS à la place du salarié et en tient compte directement dans la paie.
Absence injustifiée
Une absence non justifiée entraîne une retenue sur salaire strictement proportionnelle au temps non travaillé. Elle apparaît toujours de manière explicite sur le bulletin.
Exemple – affichage sur le bulletin :
- Absence injustifiée : -1 jour (-100 €)
Au-delà de la paie, une absence injustifiée peut déclencher une procédure disciplinaire (avertissement, etc.), selon le règlement intérieur et la convention applicable.
Les congés payés : affichage et rémunération
Le salarié acquiert 2,5 jours ouvrables par mois travaillé. Lorsqu’un congé est pris, il est rémunéré : il n’y a pas de déduction, mais une traçabilité sur le bulletin.
Ce que le bulletin affiche
- Jours de congés pris sur la période ;
- Solde restant (optionnel, mais courant) ;
- Maintien de salaire correspondant aux jours pris.
Exemples – affichage sur le bulletin :
- Congés payés pris : 5 jours
- Maintien de salaire – congés payés : +500 €
En d’autres termes, les congés payés n’ont pas d’impact négatif sur le net à payer puisqu’ils sont rémunérés.
Les congés spéciaux : événements familiaux et obligations
Certaines absences sont prévues par la loi ou bien la convention collective (mariage, PACS, naissance, adoption, décès, etc.). Elles sont rémunérées et ne génèrent pas de retenue.
Durées indicatives (à adapter à la convention)
- Mariage du salarié : 4 jours
- Naissance ou adoption : 3 jours
- Décès d’un proche : 1 à 5 jours (selon le lien)
Comment ça apparaît sur le bulletin ?
Souvent sous une ligne dédiée, par exemple :
- Congé exceptionnel – Naissance : 3 jours
Le niveau de détail peut varier selon les pratiques de l’entreprise, mais la rémunération est maintenue sur la période concernée.
Fiche de paie | Service-Public.fr
Section 7 : Extension et élargissement (Articles L2261-15 à L2261-31) — Légifrance
Saisie sur compte bancaire | Service-Public.fr
Les arrêts maladie : impact et présentation sur le bulletin de paie
Un arrêt maladie n’est pas qu’une ligne en moins : il combine IJSS, éventuel maintien de salaire et choix de l’employeur (subrogation ou non). Il vaut mieux savoir lire ces éléments pour éviter les mauvaises surprises.
Déclaration et IJSS
L’arrêt est transmis à la CPAM. Après un délai de carence de 3 jours, la Sécurité sociale verse des indemnités journalières (IJSS) au salarié (ou à l’employeur s’il y a subrogation). Le montant et la durée dépendent du dossier du salarié et des règles en vigueur.
Maintien de salaire et subrogation
Selon la convention collective ou l’accord d’entreprise, l’employeur peut maintenir tout ou partie du salaire pendant l’arrêt.
- Avec subrogation : l’employeur perçoit directement les IJSS et les impute en paie, ce qui maintient la cohérence du salaire brut versé.
- Sans subrogation : les IJSS sont versées au salarié par la CPAM ; la paie affiche alors la retenue liée à l’absence et, le cas échéant, une ligne de complément employeur.
En pratique, on voit souvent une retenue “absence maladie”, puis des lignes positives (IJSS subrogées et maintien employeur) qui compensent tout ou partie de cette retenue.
Affichage sur le bulletin : exemples de libellés
- Arrêt maladie – 5 jours : -500,00 €
- Indemnités journalières Sécurité sociale (subrogées) : +300,00 €
- Maintien de salaire – maladie : +200,00 €
Conséquences sur le salaire et les cotisations
Absences injustifiées
- Retenue sur le brut proportionnelle au temps non travaillé
- Baisse du net et des cotisations (assiette réduite)
Congés payés
- Aucune incidence négative : salaire maintenu
- Cotisations normales (congé rémunéré)
Arrêts maladie
- Brut diminué s’il n’y a pas maintien complet
- Cotisations ajustées selon l’articulation entre IJSS et maintien employeur
Exemples de lignes sur un bulletin de paie
| Libellé | Quantité | Montant |
|---|---|---|
| Congés payés pris | 5 jours | +500,00 € |
| Absence injustifiée | 1 jour | – 500,00 € |
| Arrêt maladie | 5 jours | -500,00 € |
| IJSS subrogées | 5 jours | +300,00 € |
| Maintien employeur | 5 jours | +200,00 € |
L’ordre des lignes peut varier, l’important étant la lisibilité : libellés clairs, quantités, montants et sens (+/-).
Bonnes pratiques pour les employeurs
- Clarifier les libellés : indiquer le type d’absence et la période, éviter les abréviations obscures.
- Mettre à jour les soldes : afficher les jours de congés restants renforce la transparence.
- Suivre les absences : conserver une traçabilité (arrêts, justificatifs, décomptes) pour fiabiliser la paie.
- Respecter le cadre légal : règles d’affichage, calcul des IJSS, modalités de subrogation et d’éventuel maintien.
Comment savoir si mes congés payés ont bien été comptabilisés ?
Ils apparaissent généralement sous une ligne type “Congés payés pris” avec le nombre de jours et un maintien de salaire. Le bulletin peut aussi mentionner le solde de jours restants.
Une absence injustifiée peut-elle être retirée de mon salaire ?
Oui. Une absence injustifiée entraîne une retenue de salaire proportionnelle à la durée de l’absence, visible sur le bulletin.
Suis-je payé en arrêt maladie ?
Partiellement. Vous percevez des IJSS de la Sécurité sociale, et selon votre convention collective, l’employeur peut compléter avec un maintien de salaire.
Qu’est-ce que la subrogation ?
C’est lorsque l’employeur perçoit directement les IJSS de la CPAM et les reverse dans votre salaire. Cela évite des décalages de paiement pour le salarié.
Est-ce obligatoire d’indiquer les absences sur la fiche de paie ?
Oui, toute modification de la rémunération, y compris les absences et congés, doit être clairement indiquée sur le bulletin (article R3243-1 du Code du travail).
Le bulletin de paie doit refléter fidèlement les événements du mois : arrêts maladie, congés, absences… Ces lignes ne sont pas de simples chiffres ; elles traduisent des droits et des obligations. Savoir lire l’articulation retenue / IJSS / maintien permet au salarié de vérifier sa rémunération et à l’employeur de rester conforme, sans perdre en clarté.