La Convention Collective Nationale (CCN) de la métallurgie, en vigueur depuis le 1er janvier 2024, représente une révolution pour le secteur industriel français. Ce texte ambitieux, fruit de cinq ans de négociations entre partenaires sociaux, vise à moderniser et unifier les règles appliquées aux 42 000 entreprises et 1,6 million de salariés de la branche. Voici un décryptage complet de cette réforme historique et ses implications pour 2025.

Table des matières
1. Pourquoi une nouvelle convention collective était nécessaire ?
La métallurgie est un secteur en constante évolution, influencé par les progrès technologiques et les mutations économiques mondiales. Les 76 conventions collectives territoriales, en place avant 2024, n’étaient plus adaptées à ces transformations rapides. Cette nouvelle convention nationale répond à trois grands objectifs :
- Simplifier les règles applicables aux employeurs et salariés.
- Garantir l’équité au sein de la branche, notamment en matière de classification et de rémunération.
- Renforcer l’attractivité du secteur face à une pénurie croissante de talents industriels.

2. Les principales innovations de la CCN de la métallurgie
Une grille unique de classification des salariés
La nouvelle convention introduit une grille unique de classification, applicable aux cadres comme aux non-cadres. Cette classification repose sur six critères d’évaluation, attribuant un score à chaque salarié :
Critères d’évaluation | Description |
---|---|
Complexité de l’activité | Niveau de difficulté et d’expertise requis pour le poste. |
Connaissances | Compétences et qualifications nécessaires. |
Autonomie | Capacité à travailler sans supervision directe. |
Contribution | Impact du poste sur les résultats de l’entreprise. |
Encadrement et coopération | Gestion d’équipe ou collaboration au sein des projets. |
Communication | Aptitude à transmettre des informations complexes et à interagir efficacement. |
Chaque critère est noté de 1 à 10 points, totalisant une cotation globale. Cette cotation détermine ensuite la classe d’emploi et le groupe d’emploi du salarié.
Exemple de correspondance cotation et classification :
Cotation totale | Classe d’emploi | Groupe d’emploi |
---|---|---|
10-12 | 2 | |
37-39 | 11 | |
55-57 | 17 |
Une grille salariale harmonisée
En fonction de leur classification, les salariés bénéficient désormais d’une grille salariale unique. Cette grille garantit un salaire minimal conventionnel (SMH), révisé chaque année en fonction du SMIC.
Classe d’emploi | Salaire annuel minimum (2025) |
---|---|
1 | 21 700 € |
6 | 25 550 € |
11 | 28 200 € |
17 | 55 000 € |
Bon à savoir : Les salariés au forfait (heures ou jours) bénéficient d’une majoration de salaire :
- +15 % pour les cadres au forfait en heures.
- +30 % pour les cadres au forfait en jours.
Une prime d’ancienneté revisitée
La prime d’ancienneté, désormais calculée selon une valeur de point territoriale, s’applique à tous les salariés des groupes A à E ayant au moins 3 ans d’ancienneté dans l’entreprise.
Exemple de valeur du point (2024) | Région |
---|---|
5,70 € | Deux-Sèvres |
6,10 € | Région Parisienne |
5,85 € | Dordogne |
3. Les nouvelles protections sociales du secteur
Depuis le 1er janvier 2023, tous les salariés de la métallurgie bénéficient d’une protection sociale complémentaire harmonisée. Deux régimes obligatoires sont instaurés :
- Frais de santé : Prise en charge partielle des soins médicaux, des consultations, et des hospitalisations.
- Prévoyance : Couverture en cas d’incapacité, d’invalidité ou de décès.
Les entreprises peuvent également proposer des garanties facultatives, négociées directement avec leurs salariés.

4. Les congés exceptionnels pour événements familiaux
Les salariés de la métallurgie disposent désormais de droits élargis pour certains événements familiaux. Ces congés sont assimilés à du temps de travail effectif.
Événement | Nombre de jours |
---|---|
Mariage ou PACS du salarié | 7 jours |
Décès d’un conjoint ou partenaire | 5 jours |
Décès d’un grand-parent ou petit-enfant | 1 jour |
Ces congés n’entraînent aucune réduction de rémunération.
5. Harmonisation des délais de préavis
Les délais de préavis, en cas de démission ou de licenciement, ont également été harmonisés selon la classification.
Groupe d’emploi | Durée du préavis |
---|---|
A, B | 2 semaines |
C | 1 mois |
D, E | 2 mois |
F, G, H, I | 3 mois |
6. Les impacts financiers pour les entreprises
Phases transitoires
Pour éviter une augmentation brutale des charges, des mesures transitoires sont prévues, notamment pour les entreprises où l’application immédiate du nouveau barème entraînerait des coûts excessifs.
Exemple : Un salarié classé F avec moins de 2 ans d’ancienneté bénéficie d’une majoration progressive sur 6 ans :
Année | SMH avec majoration (%) |
---|---|
Moins de 2 ans | 5 % |
Entre 2 et 4 ans | 6 % |
Entre 4 et 6 ans | 8 % |
7. Quelles perspectives pour 2025 et au-delà ?
La CCN de la métallurgie est conçue pour être évolutive, avec des ajustements prévus chaque année en fonction des retours des entreprises et des salariés. Parmi les sujets en discussion pour 2025 :
- Renforcement des mesures pour les jeunes recrues et apprentis.
- Développement de la formation continue pour accompagner les mutations technologiques.
- Amélioration des dispositifs d’égalité professionnelle.
Conclusion
La nouvelle Convention Collective de la Métallurgie marque une avancée majeure pour ce secteur stratégique de l’économie française. Elle offre des droits harmonisés aux salariés tout en garantissant une flexibilité suffisante pour les entreprises. En investissant dans le dialogue social et la modernisation des règles, la métallurgie se positionne comme un secteur attractif et compétitif sur la scène internationale.
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