Le travail temporaire est régi par un cadre légal précis qui vise à protéger les droits des salariés tout en assurant la flexibilité nécessaire aux entreprises. L’une des obligations fondamentales est le respect du délai de carence entre deux contrats d‘intérim pour un même poste. Cette règle, souvent perçue comme une contrainte administrative, revêt une importance capitale en 2025 pour garantir la sécurité juridique des entreprises et les droits des intérimaires. Le non-respect de ce délai peut entraîner des conséquences graves, notamment la requalification des contrats en CDI et des sanctions financières.
Cet article explore les règles encadrant le délai de carence, les exceptions possibles et les implications juridiques en cas de non-respect, avec un focus particulier sur les jurisprudences récentes. Voici tout ce qu’il faut savoir pour éviter les erreurs et respecter la loi.

Table des matières
Qu’est-ce que le délai de carence ?
Le délai de carence est une période obligatoire à respecter entre deux contrats de mission signés avec le même salarié pour un même poste.
- Pourquoi ? Le délai de carence vise à éviter l’abus des contrats précaires et à garantir une certaine stabilité pour les salariés.
- Base juridique :
Cette règle est prévue par l’article L.1251-36 du Code du travail. Elle s’applique autant aux contrats à durée déterminée (CDD) qu’aux contrats d’intérim.
Durée du délai de carence
La durée de ce délai dépend de la durée totale du contrat précédent, renouvellement inclus. Voici un tableau pour mieux comprendre :
Durée du contrat précédent | Durée du délai de carence |
---|---|
Contrat inférieur à 14 jours | Moitié de la durée du contrat |
Contrat supérieur ou égal à 14 jours | 1/3 de la durée du contrat |
Par exemple, si un contrat de mission dure 21 jours, le délai de carence sera de 7 jours.
Exceptions au délai de carence
Certaines situations permettent de déroger à cette obligation :
- Cas prévus par la convention collective ou un accord de branche : Certaines conventions peuvent prévoir des situations spécifiques où le délai de carence n’est pas requis.
- Cas définis par le Code du travail :
- Remplacement d’un salarié absent.
- Travaux urgents liés à la sécurité.
- Contrat pour une activité à caractère saisonnier.
Ces exceptions doivent être justifiées par des documents clairs.

Conséquences du non-respect du délai de carence
Le non-respect de cette règle peut entraîner des conséquences juridiques lourdes pour l’ETT et l’entreprise utilisatrice.
Requalification des contrats en CDI
Si le délai de carence n’est pas respecté, les contrats concernés peuvent être requalifiés en contrat à durée indéterminée (CDI). Cette requalification implique :
- Le paiement des salaires dus pour une durée indéterminée.
- Le versement d’indemnités pour rupture abusive si le contrat prend fin.
Sanctions financières
Les sanctions peuvent inclure des indemnités spécifiques pour le salarié concerné. Ces montants peuvent rapidement grimper en fonction de la durée du préjudice subi.
Responsabilité partagée
- L’ETT est principalement responsable du respect du délai de carence.
- L’entreprise utilisatrice peut également être mise en cause en cas de litige, bien qu’elle puisse se retourner contre l’ETT.
Exemple de Jurisprudence Récente (2025)
Un arrêt rendu par la Cour de cassation le 15 janvier 2025 illustre bien les conséquences du non-respect du délai de carence.
- Contexte :
Un salarié, maçon VRD, a été engagé par une ETT pour 15 contrats de mission successifs, sans respect du délai de carence, pour le motif « accroissement temporaire d’activité ». - Litige :
Après avoir été embauché en CDD, le salarié a demandé la requalification de tous ses contrats (missions et CDD) en CDI. - Décision :
La Cour de cassation a donné raison au salarié, confirmant que le motif « accroissement temporaire d’activité » n’était pas une exception valable pour éviter le respect du délai de carence.
Répartition des Responsabilités (Tableau)
Acteurs | Responsabilités |
Entreprise de Travail Temporaire (ETT) | Respecter le délai de carence, vérifier les motifs des contrats et éviter les abus. |
Entreprise Utilisatrice | Contrôler que l’ETT respecte la réglementation et signaler toute irrégularité. |
Salarié | Contester les contrats non conformes et demander leur requalification si nécessaire. |
Comment éviter les litiges ?
Pour éviter les litiges et leurs coûts associés, les entreprises peuvent prendre plusieurs précautions :
- Planification rigoureuse :
- Anticiper les besoins de main-dœuvre temporaire pour respecter les délais de carence.
- Prévoir des ressources supplémentaires pour éviter de reconduire le même salarié immédiatement.
- Formation des responsables :
- Former les managers et RH sur les règles du travail temporaire.
- Sensibiliser sur les conséquences juridiques d’une violation des délais.
- Audit interne :
- Effectuer des audits réguliers pour vérifier la conformité des contrats.
- Identifier les motifs abusifs ou non conformes.
- Recours aux experts :
- S’entourer de conseillers juridiques pour valider les pratiques.
- Consulter les conventions collectives applicables.
Motifs à Éviter pour Échapper aux Litiges
Certains motifs, bien que fréquemment utilisés, ne justifient pas une dérogation au délai de carence :
Motif Fréquent | Risque Associé |
Accroissement temporaire d’activité | Requalification probable si le délai de carence n’est pas respecté. |
Mission récurrente sans urgence | Risque de considération comme emploi permanent dans l’entreprise utilisatrice. |

Conclusion
Le respect du délai de carence dans les contrats d’intérim est une obligation non négociable qui protège à la fois les droits des salariés et la légalité des pratiques des entreprises. Toute violation expose les acteurs à des conséquences financières et juridiques importantes.
En suivant les bonnes pratiques et en s’assurant d’une bonne connaissance des exceptions, il est possible d’éviter les litiges et de maintenir une relation de confiance avec les salariés comme avec les partenaires.