Dans le monde du travail, et surtout en cas de licenciement, le barème Macron est un terme qui revient souvent. Ce barème encadre les indemnités allouées aux salariés lorsque leur licenciement est reconnu comme injustifié. Mais lorsque le salarié adhère à un Contrat de Sécurisation Professionnelle (CSP), certaines nuances entrent en jeu, notamment pour le calcul des indemnités. Comment ça marche exactement ? C’est ce qu’on va voir ici, de manière simple et en toute transparence.


1. Petit rappel : Le barème Macron, c’est quoi exactement ?

Le barème Macron a été introduit en 2017 pour standardiser les indemnisations dues aux salariés licenciés sans cause réelle et sérieuse. En gros, c’est une grille qui impose un montant minimum et maximum d’indemnités en fonction de l’ancienneté du salarié. Ce barème est conçu pour donner une idée claire aux employeurs et aux salariés des montants auxquels ils peuvent s’attendre en cas de contentieux.

Ancienneté (en années)Minimum d’indemnité (en mois de salaire)Maximum d’indemnité (en mois de salaire)
11 mois2 mois
53 mois6 mois
106 mois10 mois
2010 mois15 mois
30 et plus15 mois20 mois

Le barème Macron a pour objectif de réduire les disparités dans les décisions de justice et de donner une visibilité aux entreprises sur les risques financiers en cas de licenciement abusif.


2. Le CSP : Un contrat spécial en cas de licenciement économique

Les employés licenciés pour des raisons financières bénéficient du Contrat de Sécurisation Professionnelle (CSP). Il s’agit d’une solution destinée à simplifier le retour au travail en leur offrant un accompagnement spécifique. Par exemple, le salarié peut bénéficier d’une allocation et d’un accompagnement renforcé pour retrouver un emploi plus rapidement. Dans ce cas de figure, le salarié ne perçoit ni préavis, ni indemnité de préavis, mais a droit à certaines indemnités :

  • Indemnité légale de licenciement (fixée par la loi et calculée selon l’ancienneté).
  • Indemnité conventionnelle (si elle est plus avantageuse que l’indemnité légale).
  • Compensation de préavis si le salarié a au moins un an d’ancienneté, ou une indemnité de préavis pour ceux ayant moins d’un an d’ancienneté.

3. Le calcul des dommages-intérêts avec le barème Macron

Dans le cadre du barème Macron, le juge doit fixer des dommages-intérêts si le licenciement est reconnu sans cause réelle et sérieuse. Cependant, il y a une spécificité importante : les indemnités de licenciement légales, celles versées dans le cadre du CSP, ne doivent pas être prises en compte pour diminuer le montant de ces dommages-intérêts.

Type d’indemnitéImpact sur le calcul des dommages-intérêts
Indemnité légale de licenciementNon déduite
Indemnité conventionnelle de licenciementPeut être prise en compte selon l’appréciation du juge
Indemnité compensatoire de préavisNon déduite dans le cadre du CSP
Dommages-intérêts (selon barème Macron)Fixés selon l’ancienneté, plafonds et planchers

Cela signifie que si un salarié ayant adhéré au CSP conteste son licenciement et obtient gain de cause, les indemnités pour licenciement abusif seront fixées en plus de ce qu’il a déjà touché au titre de son licenciement économique. En d’autres termes, l’indemnité de licenciement versée lors de l’adhésion au CSP ne réduit pas le montant des dommages-intérêts potentiellement alloués par le juge.


4. Un exemple concret : Le cas d’un salarié licencié après 30 ans de service

Imaginons une salariée avec 30 ans d’ancienneté, licenciée pour motif économique, qui adhère au CSP. Elle ne reçoit pas de préavis mais touche l’indemnité légale de licenciement. Après ce licenciement, elle décide de contester sa situation en justice, estimant que son licenciement n’avait pas de cause réelle et sérieuse, car l’offre de reclassement était imprécise et ne respectait pas les mentions légales minimales.

Calcul des indemnités dans ce cas

  1. Ancienneté : 30 ans.
  2. Indemnité légale de licenciement : perçue sans impact sur les dommages-intérêts.
  3. Dommages-intérêts selon le barème Macron : jusqu’à 20 mois de salaire brut, selon la décision des juges.

Pour illustrer ce cas avec un exemple de calcul, disons que son salaire brut est de 2 000 € par mois. Avec une ancienneté de 30 ans, le barème Macron permet d’obtenir un maximum de 20 mois de salaire brut. On pourrait donc lui allouer jusqu’à 40 000 € en dommages-intérêts.

Calcul des IndemnitésMontant (exemple)
Salaire brut mensuel2 000 €
Indemnité légale de licenciementPerçue
Dommages-intérêts (max. 20 mois)40 000 €

L’employeur, dans ce cas, ne peut pas réduire ce montant en argumentant que l’indemnité légale a déjà été versée.


5. Points de vigilance pour les employeurs

Appliquer le barème Macron dans les cas où un salarié adhère au CSP demande une bonne compréhension des règles en place pour éviter des erreurs qui pourraient coûter cher :

  • Indemnités non déductibles : L’indemnité légale de licenciement perçue avec le CSP ne doit pas être déduite des dommages-intérêts en cas de licenciement sans cause réelle et sérieuse.
  • Respect des plafonds et planchers : Le barème Macron impose un cadre strict pour limiter les montants d’indemnités selon l’ancienneté.
  • Le pouvoir discrétionnaire du juge : Si des indemnités conventionnelles sont versées et qu’elles excèdent l’indemnité légale, le juge peut en tenir compte pour ajuster le montant final des dommages-intérêts.
AspectImpact pour l’employeur
Indemnité légale non déductibleNe peut pas réduire les dommages-intérêts
Plafonds et planchers du barème MacronLimite les indemnisations selon l’ancienneté
Indemnités conventionnellesJugé au cas par cas par le juge
Adhésion au CSPAbsence de préavis et indemnité de préavis

6. Conclusion : Ce qu’il faut retenir du barème Macron et du CSP

En résumé, l’adhésion à un CSP n’affecte pas le droit du salarié à contester son licenciement ni à obtenir des dommages-intérêts s’il prouve que celui-ci était injustifié. Le barème Macron s’applique alors pleinement, en excluant l’indemnité légale de licenciement des calculs, ce qui permet de préserver les droits du salarié même dans ce type de situation.

Le respect des plafonds et planchers du barème donne de la visibilité aux employeurs tout en encadrant les indemnités versées. Cette démarche vise à maintenir un certain équilibre entre les droits des salariés et la gestion des risques pour les entreprises en cas de litige.

En résumé :

  • Indemnité légale de licenciement non déductible des dommages-intérêts.
  • Plafonds et planchers à respecter pour garantir une indemnisation juste.
  • Application stricte du barème Macron même dans le cas d’une adhésion au CSP.

Ce cadre permet à chaque partie d’anticiper les conséquences en cas de contentieux tout en offrant une protection aux salariés victimes d’un licenciement abusif.

extes de loi et références
Code du travail : articles L1234-9 à L1234-11
Indemnités de licenciement
Code du travail : articles L1234-1 à L1234-8
Indemnité compensatrice de préavis
Code du travail : article L3141-28
Indemnité compensatrice de congés payés
Code du travail : articles L1233-71 à L1233-76
Congé de reclassement

Legifrance

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