Le bulletin de paie, aussi appelé fiche de paie, est un document que tout employeur doit remettre à son salarié au moment du versement de son salaire. Ce document, strictement encadré par le Code du travail, ne se limite pas à indiquer la rémunération nette. Il détaille également l’ensemble des cotisations sociales, les informations liées au contrat de travail et les données spécifiques à l’activité du salarié.
Une fiche de paie mal rédigée peut entraîner des sanctions juridiques, ce qui rend indispensable le respect scrupuleux des règles en vigueur. Ce guide présente les différentes étapes à suivre pour élaborer un bulletin de paie conforme à la loi française.

Table des matières
Collecte des informations du salarié
Rassembler les données nécessaires
Avant de pouvoir établir un bulletin de paie, l’employeur doit d’abord réunir toutes les informations utiles concernant le salarié. Cette étape est indispensable. Elle permet non seulement d’identifier clairement la personne, mais aussi de garantir que tous les calculs de paie sont faits correctement et que le document respecte la loi.
Les éléments à collecter
Voici les principales données à obtenir :
- Identité du salarié : nom, prénom, adresse et date de naissance.
- Numéro de Sécurité sociale : indispensable pour déclarer les cotisations.
- Date d’entrée dans l’entreprise : nécessaire pour évaluer l’ancienneté, les droits aux congés, etc.
- Poste occupé et intitulé du poste : permet de vérifier si une convention collective s’applique et dans quelles conditions.
- Type de contrat : CDI, CDD, apprentissage ou autre.
- Statut professionnel : cadre ou non-cadre, ce qui a un impact sur le régime de retraite et certaines cotisations.
- Temps de travail : temps plein, temps partiel ou forfait jours, influençant le mode de calcul du salaire.
- Rémunération de base : la somme sur laquelle se base le calcul du salaire brut.
- Classement dans la convention collective : niveau, échelon, ou coefficient selon le métier ou la branche.
L’importance de la fiabilité des données
Toutes ces informations doivent être à jour et correctement vérifiées. Une erreur, même minime, peut entraîner une fiche de paie erronée, et donc exposer l’employeur à des sanctions. Pour éviter ce genre de problème, il est souvent recommandé de faire remplir une fiche de renseignement au salarié dès son embauche. Cela simplifie la suite et limite les risques d’oubli.

Détermination du salaire brut
Comprendre le salaire brut
Le salaire brut correspond au montant total que l’employeur verse au salarié avant toute retenue liée aux charges sociales. C’est la base sur laquelle seront ensuite calculés les prélèvements obligatoires. Il englobe à la fois la rémunération prévue dans le contrat de travail et d’éventuels éléments supplémentaires liés aux conditions de travail ou aux performances.
Ce que comprend le salaire brut
Voici les principaux éléments que l’on retrouve dans le salaire brut :
- Salaire de base : c’est le montant mensuel ou horaire fixé dans le contrat. En général, il respecte le minimum prévu par la convention collective.
- Heures supplémentaires ou complémentaires : lorsqu’un salarié travaille au-delà de son temps contractuel, ces heures sont majorées conformément à la loi ou aux accords collectifs.
- Primes et gratifications : il peut s’agir de primes fixes (ancienneté, 13e mois) ou variables (objectifs atteints, performance individuelle).
- Indemnités spécifiques : comme les indemnités de panier repas, de transport ou de garde en dehors des horaires habituels.
- Avantages en nature : un logement de fonction, un véhicule de société ou des repas pris en charge par l’employeur, par exemple. Leur valeur est ajoutée au salaire brut.
- Commissions ou pourcentages : souvent présents dans les postes liés à la vente, ils dépendent des résultats commerciaux.
Un montant de référence pour les calculs
Le salaire brut joue un rôle clé. Il sert à calculer le montant des cotisations sociales et permet de déterminer le salaire net. Pour le fixer correctement, l’employeur doit tenir compte des règles de la convention collective, des éventuels accords internes à l’entreprise, et s’assurer que le montant est toujours au moins égal au SMIC en vigueur.
Calcul des cotisations sociales
Une fois le salaire brut déterminé, l’employeur doit procéder au calcul des cotisations sociales. Ces prélèvements obligatoires financent la protection sociale des salariés : santé, retraite, chômage, formation professionnelle, etc. Ils sont répartis entre part salariale (prélevée sur le salaire du salarié) et part patronale (à la charge de l’employeur).
Les principales cotisations sociales :
- Cotisations de Sécurité sociale
- Maladie, maternité, invalidité, décès
- Vieillesse plafonnée et déplafonnée
- Ces contributions assurent la couverture santé et la retraite de base.
- Cotisations d’assurance chômage
- Financement de l’indemnisation des demandeurs d’emploi (en partie via l’Unédic).
- Cotisations de retraite complémentaire
- Gérées par l’Agirc-Arrco pour les salariés du secteur privé.
- Taux variable selon le statut (cadre ou non-cadre).
- CSG et CRDS
- Contribution Sociale Généralisée et Contribution au Remboursement de la Dette Sociale : prélèvements à large assiette, affectés au financement global de la Sécurité sociale.
- Cotisations pour la formation professionnelle
- Obligatoire, versée par l’employeur pour financer l’accès à la formation.
- Autres contributions
- Assurance accident du travail, contribution solidarité autonomie, taxe d’apprentissage, etc.
Chaque mois, l’employeur calcule le montant exact de ces cotisations sur la base du salaire brut et applique les taux en vigueur, qui peuvent être ajustés par décret ou par conventions collectives. Ces montants doivent apparaître distinctement sur le bulletin de paie, conformément à l’obligation de transparence posée par le Code du travail.
Calcul du salaire net
Ce qu’est le salaire net
Le salaire net, c’est la somme que le salarié reçoit réellement sur son compte bancaire. Il résulte du salaire brut, après toutes les déductions obligatoires, et peut parfois inclure certains ajouts non imposables. C’est le montant qui reflète ce que la personne touche chaque mois pour son travail.
Étapes de calcul : du brut au net
1. Déduire les cotisations salariales
On commence par retirer, du salaire brut, les cotisations à la charge du salarié. Cela comprend notamment :
- l’assurance maladie,
- les cotisations retraite (de base et complémentaire),
- l’assurance chômage,
- la CSG et la CRDS.
Ces déductions représentent en général entre 20 % et 25 % du brut.
2. Ajouter les indemnités exonérées
Certaines sommes peuvent s’ajouter sans être soumises à cotisations. Par exemple :
- les remboursements de frais professionnels,
- les tickets restaurant.
Ces montants viennent grossir le net, sans impacter les charges.
3. Prendre en compte les avantages en nature
Un logement de fonction ou une voiture prêtée par l’entreprise sont aussi comptabilisés. Ils peuvent être retirés ou ajoutés selon leur traitement comptable. Tout dépend du mode d’évaluation choisi.
4. Appliquer le prélèvement à la source (PAS)
Depuis janvier 2019, l’impôt sur le revenu est automatiquement retiré du salaire net. Ce montant est calculé selon le taux transmis par les services fiscaux. Il apparaît clairement sur la fiche de paie.
Ce qu’il reste à la fin
On distingue deux montants :
- le net avant impôt, aussi appelé net imposable, obtenu après déduction des cotisations ;
- le net à payer, c’est-à-dire la somme effectivement versée après le prélèvement à la source.
L’employeur doit s’assurer que ces données sont lisibles et compréhensibles pour le salarié. La loi impose une transparence totale sur ces points, pour éviter toute confusion.
Mentions obligatoires sur le bulletin de paie
Le Code du travail exige à l’employeur de faire figurer un certain nombre de mentions obligatoires sur chaque bulletin de paie. L’objectif est d’assurer la transparence des éléments de rémunération et de permettre au salarié de vérifier ses droits.
Mentions d’identification
- Employeur : nom ou dénomination sociale, adresse du siège social, numéro SIRET.
- Salarié : nom, emploi occupé, classification conventionnelle, et éventuellement statut (cadre/non-cadre).
Informations sur le contrat et la période de paie
- Période de travail : début et fin du mois concerné.
- Nombre d’heures travaillées : détail des heures normales, supplémentaires ou complémentaires.
- Nature et montant des absences : congés payés, arrêts maladie, RTT, etc.
Éléments de rémunération
- Salaire brut : montant avant toute déduction.
- Primes, indemnités, avantages en nature : détaillés individuellement.
- Montant et nature des cotisations et des contributions sociales : répartition employeur/salarié n’est plus obligatoire, mais peut être précisée.
- Net imposable : après déduction des cotisations sociales.
- Montant du prélèvement à la source (PAS) : taux appliqué et montant prélevé.
- Net à payer avant et après impôt.
Mentions relatives à l’organisme collecteur
- Référence de la convention collective applicable au salarié.
- Nom et adresse de l’organisme de Sécurité sociale auquel les cotisations sont versées.
Mentions de conformité
- Mention incitative à conserver le bulletin de paie sans limitation de durée.
Tout bulletin de paie doit être remis au salarié au moment du versement du salaire, soit en format papier, soit sous forme électronique, à condition que ce dernier ait donné son accord ou n’ait pas exprimé son refus.
Respect du format légal et transmission
Au-delà du contenu, la forme et la remise du bulletin de paie sont strictement encadrées par la législation française. L’objectif est de garantir la lisibilité, la conservation et la confidentialité de ce document personnel.
Présentation du bulletin
Depuis la réforme de 2017, le bulletin de paie doit respecter un modèle simplifié, visant à en faciliter la lecture par le salarié. Il doit :
- Être présenté de manière lisible et compréhensible.
- Organiser les cotisations sociales par poste de protection : santé, retraite, chômage, etc.
- Faire apparaître clairement le net à payer avant et après impôt, ainsi que le coût total employeur.
- Être rédigé en français, même si l’entreprise appartient à un groupe étranger.
- Être dépourvu d’abréviations obscures ou de lignes superflues.
Le non-respect de ces règles peut entraîner une amende administrative, voire un redressement par l’inspection du travail ou l’URSSAF.
Transmission au salarié
Le bulletin de paie doit être remis à chaque échéance de paie, généralement mensuelle. Deux modalités sont possibles :
- Format papier : remis en main propre ou par courrier.
- Format électronique : autorisé depuis 2009, généralisé en 2017. Il nécessite que le salarié ne s’y oppose pas. Le document doit être :
- Stocké sur un coffre-fort numérique sécurisé,
- Accessible pendant 50 ans ou jusqu’aux 75 ans du salarié,
- Téléchargeable à tout moment par le salarié.
Le respect de ces règles garantit la validité du bulletin de paie en cas de litige et la protection des droits du salarié.