La reconnaissance d’une situation de coemploi est un sujet complexe mais crucial dans les relations entre employeurs et salariés. La Cour de cassation, dans son arrêt du 15 janvier 2025, a clarifié des points essentiels sur les délais de prescription et les obligations liées à cette notion. Cet article vous guide à travers les règles, les cas pratiques et les implications de ces nouvelles décisions, tout en restant clair et complet.

Table des matières
1. Qu’est-ce que le coemploi ?
Le coemploi est une notion juridique où deux sociétés ou plus sont reconnues comme étant responsables des obligations envers un salarié. Cela signifie qu’en cas de litige, comme un licenciement abusif, ces entreprises doivent répondre solidairement des droits du salarié.
Critères pour reconnaître une situation de coemploi
La jurisprudence a fixé deux critères principaux :
- Immixtion dans la gestion : Une société intervient durablement dans les décisions économiques et sociales de l’entreprise employeur.
- Perte d’autonomie : Cette intervention empêche la société employeur de fonctionner de manière indépendante.
Par exemple, si une société mère dirige les choix stratégiques et opérationnels de sa filiale, elle peut être reconnue comme coemployeur.
2. Les délais de prescription : ce que dit la loi
La reconnaissance d’un coemploi et les actions qui en découlent (demandes salariales ou indemnitaires) sont soumises à des délais de prescription. Ces délais déterminent le temps pendant lequel un salarié peut agir en justice.
Action juridique | Délai de prescription | Point de départ |
---|---|---|
Reconnaissance du coemploi | 5 ans | Découverte des faits ou fin du contrat |
Demande de paiement de salaires | 3 ans | Découverte des salaires impayés |
Contestation d’un licenciement | 12 mois | Notification du licenciement |
Cas particulier : la fraude
En cas de fraude, comme une dissimulation volontaire d’informations, le délai commence à courir à partir du moment où le salarié découvre cette fraude. Cela protège les droits des salariés face à des employeurs peu scrupuleux.
3. Exemple pratique : Une salariée face à une fraude
Prenons le cas d’une salariée engagée en CDI et confrontée à un changement d’employeur après la cession de sa société. Pendant son congé parental, elle apprend que le magasin où elle travaille ferme définitivement. Aucune information ne lui est donnée sur la reprise de son contrat. Résultat : elle ne peut reprendre son poste.
Procédure engagée :
- Action initiale : Elle saisit les prud’hommes pour licenciement sans cause réelle et sérieuse.
- Découverte d’une fraude : Elle découvre plus tard que l’ancien employeur a organisé une insolvabilité frauduleuse.
- Reconnaissance du coemploi : Elle engage une nouvelle action pour obtenir une indemnisation solidaire de la part de plusieurs entreprises liées à son ancien employeur.
Décision judiciaire :
La Cour de cassation a confirmé que l’action en reconnaissance du coemploi relevait de la prescription quinquennale (5 ans). En raison de la fraude, le délai a commencé à courir à la date de découverte des faits.

4. Les implications du coemploi pour les employeurs
Être reconnu comme coemployeur peut avoir de lourdes conséquences pour une entreprise, notamment :
- Responsabilité solidaire : L’entreprise devra payer les indemnités dues au salarié.
- Image négative : Une reconnaissance de coemploi peut ternir la réputation d’une société mère ou d’une filiale.
- Risque financier : Les condamnations peuvent inclure des indemnités de licenciement, des arriérés de salaires et des dommages-intérêts.
5. Recommandations pour les salariés et les employeurs
Pour les salariés :
- Documentez tout : Conservez les preuves des interventions du coemployeur dans votre activité.
- Agissez vite : Respectez les délais de prescription, mais ne laissez pas une fraude vous dissuader d’agir.
- Consultez un avocat : Les situations de coemploi sont complexes et nécessitent une expertise juridique.
Pour les employeurs :
- Limitez les interventions : Évitez toute immixtion excessive dans la gestion des filiales.
- Soignez la documentation : Assurez-vous que les rôles et responsabilités sont clairement définis dans les contrats.
- Anticipez les risques : Réalisez des audits réguliers pour identifier les situations potentielles de coemploi.
6. Tableau récapitulatif : Points clés de la jurisprudence 2025
Thème | Nouvelle précision |
---|---|
Délais de prescription | 5 ans pour la reconnaissance du coemploi ; 3 ans ou 12 mois pour les actions salariales ou licenciement |
Fraude | Le point de départ du délai peut être repoussé à la date de découverte de la fraude |
Immixtion dans la gestion | Nécessité d’une intervention durable et d’une perte d’autonomie |
Responsabilité des coemployeurs | Solidaire, incluant salaires impayés et indemnités |
7. Pourquoi cet arrêt est capital pour 2025 et au-delà ?
Cet arrêt est une étape clé pour protéger les salariés tout en rappelant les employeurs à leurs responsabilités. Il clarifie les délais de prescription, notamment en cas de fraude, et souligne l’importance de la notion de coemploi dans un environnement économique où les groupes d’entreprises sont de plus en plus complexes.
Pour les salariés, cette décision leur donne plus de temps pour agir face à des situations injustes. Pour les employeurs, elle impose une vigilance accrue dans leurs relations avec les filiales et partenaires.

Conclusion : Anticipez pour mieux protéger vos droits
Le coemploi reste une notion délicate à prouver, mais les récentes clarifications juridiques offrent des outils puissants pour défendre ses droits. Que vous soyez salarié ou employeur, la clé est de bien comprendre vos responsabilités et d’agir dans les délais impartis. Une stratégie claire et des conseils juridiques adaptés peuvent faire toute la différence dans la résolution des litiges.