Quand on travaille en freelance, il ne suffit pas de regarder le chiffre d’affaires pour savoir ce qu’on gagne vraiment. Ce qui compte, c’est le salaire net, c’est-à-dire ce qu’il reste une fois toutes les charges payées.
Comprendre comment le calculer, selon son statut, permet de mieux gérer son activité et sa vie personnelle.

Table des matières
Comprendre la différence entre chiffre d’affaires, revenu et salaire net
Quand on est freelance, les mots liés à l’argent peuvent prêter à confusion. Chiffre d’affaires, revenu brut, bénéfice, salaire net… Ces termes ne veulent pas dire la même chose, et les mélanger peut fausser totalement la perception de ce que l’on gagne extrêmement. Voici une explication simple pour mieux s’y retrouver.
Chiffre d’affaires (CA)
Le chiffre d’affaires correspond au montant total que tu factures à tes clients, sans aucune déduction. C’est la somme brute, avant toute charge ou impôt.
Exemple :
Tu réalises trois missions à 1 000 € chacune → Ton chiffre d’affaires est de 3 000 €.
Autre cas :
Tu factures une prestation à 2 500 € → Ton chiffre d’affaires = 2 500 €.
Revenu brut (ou bénéfice brut)
Le revenu brut, c’est ce qui reste une fois que tu as soustrait tes dépenses professionnelles de ton chiffre d’affaires. Il inclut par exemple les abonnements, outils, matériel ou frais de déplacement liés à ton activité.
Exemple :
Chiffre d’affaires : 2 500 €
Dépenses professionnelles : 300 €
→ Revenu brut = 2 200 €
Salaire net
Le salaire net est ce que tu peux réellement utiliser pour vivre. C’est ce qui reste après avoir payé toutes les charges sociales, les cotisations et les impôts.
Exemple simplifié :
Revenu brut : 2 200 €
Charges sociales : 550 €
Impôt sur le revenu : 150 €
→ Salaire net = 1 500 €
En résumé
Terme | Définition |
---|---|
Chiffre d’affaires | Total facturé aux clients |
Revenu brut | Chiffre d’affaires – dépenses pros |
Salaire net | Revenu brut – charges sociales – impôts |

Calcul du salaire net pour un auto-entrepreneur
Le statut d’auto-entrepreneur, aussi appelé micro-entrepreneur, est souvent choisi pour sa simplicité, surtout lorsqu’on lance une activité freelance. Mais attention, le chiffre d’affaires n’est pas le revenu que l’on touche exactement. Il faut d’abord retirer les charges sociales et fiscales pour estimer ce qu’il reste vraiment à la fin du mois.
Exemple : Julie, freelance en marketing digital
Julie facture 3 000 € de prestations au cours d’un mois. Elle exerce en tant que micro-entrepreneure dans le domaine des prestations de services (BNC – Bénéfices Non Commerciaux), avec un régime comprenant :
- les cotisations sociales,
- et un impôt payé sous forme de prélèvement libératoire.
Étape 1 : Paiement des cotisations sociales
Taux applicable en 2024 pour les prestations de services : 21,1 %
→ 3 000 € × 21,1 % = 633 € de charges sociales
Étape 2 : Prélèvement libératoire de l’impôt sur le revenu
Taux applicable : 2,2 %
→ 3 000 € × 2,2 % = 66 € d’impôt
Étape 3 : Estimation du salaire net
→ 3 000 € – 633 € – 66 € = 2 301 € nets
Julie pourra donc utiliser 2 301 € pour ses dépenses personnelles ce mois-là.
À savoir :
Avec le régime de la micro-entreprise, aucune dépense professionnelle n’est déductible. Tout est basé sur un calcul forfaitaire.
Et si Julie n’avait pas choisi le prélèvement libératoire, elle aurait payé son impôt sur le revenu via le barème progressif, après un abattement forfaitaire de 34 % (ou 50 % selon son activité).
Calcul du salaire net en SASU : exemple
La SASU (Société par Actions Simplifiée Unipersonnelle) est souvent choisie par les freelances qui souhaitent percevoir un salaire mensuel ou se verser des dividendes en fin d’année. Ce statut offre une couverture sociale similaire à celle d’un salarié, mais entraîne aussi des charges sociales plus importantes.
Exemple : Thomas, freelance développeur
Thomas est président de sa SASU. Il souhaite percevoir un salaire net mensuel de 3 000 €.
Étape 1 : Estimer le montant brut chargé
Dans une SASU, les cotisations sociales se divisent en deux parties :
- Les charges salariales, environ 22 % du salaire brut
- Les charges patronales, environ 45 % du salaire brut
Pour connaître le coût total à prévoir, on utilise une formule simplifiée :
Brut chargé = Salaire net / (1 – charges salariales – charges patronales)
→ 3 000 € / (1 – 0,22 – 0,45) ≈ 4 615 €
Donc, pour permettre à Thomas de toucher 3 000 € nets, sa société doit disposer d’environ 4 615 € de trésorerie, hors autres frais liés à l’activité (loyer, matériel, logiciels, etc.).
Option alternative : les dividendes
Thomas peut aussi décider de ne pas se verser de salaire, mais d’opter pour le versement de dividendes, à la fin de l’exercice comptable.
- Les dividendes sont soumis à la flat tax de 30 % (soit 12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux).
- Cette solution coûte moins cher qu’un salaire, mais ne donne pas droit à la retraite ni à l’assurance chômage.
Exemple :
Thomas verse 10 000 € de dividendes bruts.
→ Après prélèvement de 30 %, il lui reste 7 000 € nets.
Utiliser un simulateur
Pour adapter le calcul à ta situation réelle, il est recommandé d’utiliser un simulateur en ligne :
Simulateur de rémunération
Calcul du salaire net en EURL : exemple
L’EURL (Entreprise Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) est une structure adaptée aux freelances qui souhaitent un cadre juridique simple, tout en profitant d’un régime social spécifique : celui des Travailleurs Non Salariés (TNS). Ce régime implique des charges sociales plus basses que celles d’une SASU, mais aussi une protection sociale moins étendue.
Exemple : Claire, consultante indépendante
Claire est consultante en stratégie. Après avoir payé ses frais professionnels (abonnements, espace de coworking, etc.), il lui reste 3 000 € de bénéfice net par mois.
Étape 1 : Cotisations sociales du TNS
En EURL soumise à l’impôt sur le revenu, les cotisations sociales représentent environ 45 % du bénéfice net.
→ 3 000 € × 45 % = 1 350 € de charges sociales
Étape 2 : Revenu net mensuel
→ 3 000 € – 1 350 € = 1 650 € nets
Claire peut donc utiliser 1 650 € par mois pour ses dépenses personnelles. Ce montant sera ensuite intégré à son impôt sur le revenu, selon le barème progressif.
Alternative : l’EURL à l’impôt sur les sociétés (IS)
Claire peut aussi choisir de soumettre son EURL à l’IS. Cela lui ouvre deux options :
- Se verser un salaire, soumis aux charges sociales classiques
- Se distribuer des dividendes, imposés à la flat tax de 30 % (12,8 % d’impôt + 17,2 % de prélèvements sociaux)
Cette solution peut permettre une optimisation fiscale, mais elle nécessite une comptabilité rigoureuse et souvent l’aide d’un expert-comptable.
Conseils pour optimiser son salaire net en freelance
Gagner plus, c’est bien. Mais conserver davantage de ce que tu gagnes, c’est encore mieux. Optimiser ton salaire net ne signifie pas forcément travailler plus, mais travailler plus intelligemment. Voici quelques stratégies concrètes pour y parvenir.
1. Choisir un statut adapté à ton activité
Le choix du statut juridique influence directement ce que tu vas réellement garder chaque mois.
- Auto-entrepreneur : parfait pour démarrer, simple à gérer, mais limité par des plafonds de chiffre d’affaires.
- SASU : coûte plus cher en charges sociales, mais donne une image professionnelle plus solide et offre la possibilité de verser des dividendes.
- EURL : fréquemment un bon compromis, surtout si tu as peu de frais fixes. Charges sociales plus légères, avec une gestion relativement souple.
2. Partir du net que tu veux toucher
Au lieu de fixer tes prix au hasard ou en fonction de la concurrence, commence par estimer le montant net que tu souhaites précisément gagner. À partir de là, remonte jusqu’au chiffre d’affaires nécessaire en tenant compte des charges.
3. Profiter des frais professionnels déductibles
Si tu es en SASU ou EURL au régime réel, tu peux réduire ton bénéfice imposable en déduisant certaines dépenses liées à ton activité :
- Matériel informatique
- Logiciels professionnels et abonnements
- Déplacements, coworking, formations
Moins de bénéfice = moins de cotisations = plus de net dans ta poche.
4. Anticiper l’impôt sur le revenu
Prévois systématiquement une épargne pour l’impôt. L’idéal est d’ouvrir un compte bancaire dédié, où tu mets de côté 20 à 25 % de ton revenu net imposable chaque mois. Cela t’évite de mauvaises surprises au moment de la déclaration.
5. Trouver l’équilibre entre salaire et dividendes
Si tu es en SASU ou EURL à l’IS, il peut être judicieux de te verser une partie en salaire (pour la couverture sociale) et une autre en dividendes (moins de charges, mais sans droits sociaux). C’est un jeu d’équilibre à maîtriser, surtout si tu veux optimiser ta fiscalité.

Maîtriser le calcul de ton salaire net, c’est te donner les moyens de gérer ton activité avec plus de clarté et moins de stress. Chaque statut a ses particularités, ses avantages et ses limites. Connaître les règles du jeu, c’est la clé pour avancer sereinement.
Bon réflexe à adopter : simule ta situation régulièrement et n’hésite pas à faire appel à un comptable si besoin.